Cela pourrait durer encore un mois: le nouveau président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, s’installe au sommet de l’Etat avec un gouvernement sortant qui expédie les affaires courantes, faute d’avoir nommé un Premier ministre.

Trois semaines après la première transition pacifique dans l’histoire du pays, le nouveau chef de l’Etat issu du parti d’opposition UDPS gère le plus grand pays d’Afrique sub-saharienne avec l’équipe léguée par son prédécesseur, Joseph Kabila.

C’est avec le chef de la diplomatie pro-Kabila, Léonard She Okitundu, que M. Tshisekedi a rencontré ses homologues africains lors de ses deux premiers déplacements à l’étranger.

Sa participation au sommet de l’Union africaine (UA) lui a permis d’asseoir sa légitimité, contestée devant la même UA par l’autre candidat de l’opposition, Martin Fayulu, qui revendique la victoire avec 61% des voix.

De retour à Kinshasa, M. Tshisekedi doit commencer à former un gouvernement. « L’actuel gouvernement expédie les affaires courantes. C’est difficile de prendre des engagements avec les ministres actuels puisque ce sont des ministres sortants », indique le député Juvénal Munubo Mubi de l’UNC, parti allié de M. Tshisekedi au sein de la coalition Cach.

Moins de culte de la personnalité

Exemple parmi tant d’autres de dossiers en instance: la nouvelle équipe présidentielle souhaiterait réformer la Radio-télévision nationale du Congo (RTNC), avec moins de « culte de la personnalité » pour les dignitaires du régime et plus d’ouverture à l’opposition.

Mais rien ne peut se faire sans la nomination d’un nouveau ministre de la Communication, l’actuel Lambert Mende étant en campagne pour l’élection au poste de gouverneur de la province du Sankuru.

Un nouveau gouvernement donc. Aux termes de la Constitution, M. Tshisekedi a deux solutions: il nomme un Premier ministre « au sein de la majorité parlementaire » ou « si une telle majorité n’existe pas », il nomme un « informateur » « en vue d’identifier une coalition ».

C’est à ce stade que les choses se compliquent étant donné les rapports de force parlementaires issus des élections générales du 30 décembre.

Officiellement, la coalition Front commun pour le Congo (FCC) du président sortant Joseph Kabila a obtenu quelque 330 sièges sur 500 dans cette l’Assemblée. Cette majorité doit donc imposer son Premier ministre et son gouvernement au président de la République, dans une cohabitation politique.

« Aucun n’a la majorité »

Une autre lecture se dessine, peut-être au fil des négociations secrètes entre les amis de MM. Kabila et Tshisekedi pour un partage des postes au gouvernement. « Les coalitions n’ont pas d’assises juridiques. Seuls existent en droit les partis et regroupements politiques. Or aucun n’a la majorité », glisse un proche du nouveau président.

« Le président devrait en principe nommer un informateur pour identifier la coalition majoritaire au Parlement parce qu’aucun parti n’a la majorité au Parlement », veut croire le député pro-Tshisekedi Juvénal Munubo.

Cette version est contestée par les proches de Martin Fayulu, qui dénoncent un « putsch électoral » orchestré par l’ancien président Kabila.

« Le président actuel (Tshisekedi) n’a pas le pouvoir de nommer un Premier ministre. Tout ce qu’il peut faire c’est entériner » le choix d’un Premier ministre par les pro-Kabila, affirme le député Daniel Msafu, de la coalition Lamuka (pro-Fayulu).

L’actuelle situation risque de durer « jusqu’au début du mois d’avril », estime le quotidien Le Potentiel.

La formation d’un gouvernement dépend d’autres rendez-vous institutionnels: l’Assemblée doit constituer son bureau définitif pour valider le nouvel exécutif. La Cour constitutionnelle doit examiner tous les recours électoraux.

Des élections partielles sont prévues le 31 mars dans trois circonscriptions (Yumbi, Beni et Butembo) où les élections du 30 décembre avaient été reportées.

« Autant dire que la RDC tourne au ralenti », déplore Le Potentiel, résigné : « Les Congolais qui piaffent de changement doivent encore prendre leur mal en patience le temps nécessaire pour permettre aux institutions de se mettre en place conformément à la Constitution ».

VOA / MCP

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