La longue période d’incertitude ressemblait à un chemin de la croix. 24 mois durant, les partisans de Kamerhe ont communié intensément aux souffrances de leur leader qui avait des réels démêlés judiciaires.

Condamné à 20 ans, réduit à 13 en appel avant que la Cour de cassation ne puisse annuler la peine et renvoyer le dossier entre les mains des nouveaux juges de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, les inconditionnels de l’UNC n’ont pas lâché une seule seconde leur leader. Le périple de VK renvoie aux 14 quatorze stations de commémoration de la passion du Christ.

Kamerhe, l’innocent sacrifié…

Pendant deux ans, Kamerhe s’est fait clouer presque sur la croix, acceptant la terrible cruauté et même la destruction de sa dignité. Le leader de l’UNC a souffert sans fuir, ni sans accepter de compromis, malgré son état de santé dégradant. « L’homme honnête »(comme l’a déclaré le chef de l’État, Félix Tshisekedi lors d’une interview à Goma sur la télévision publique) n’avait jamais eu droit à une liberté provisoire en dépit de ses multiples demandes. Hué par les uns, trahi par les autres, arrêté, condamné, renié voir même par certains de ses proches, le mwalimu (comme ses partisans l’appellent bien) a été couronné d’épines et présenté comme l’homme par qui le malheur de la corruption passe. Mais tenace, il a sût puiser dans ses dernières ressources pour résister à la méchanceté. La preuve, son procès était considéré comme l’unité de mesure de l’avènement de l’état de droit en RDC.

VK ne cessait de dire qu’il croyait en la justice divine. Sur son parcours jonché de nombreux obstacles, l’ancien directeur de cabinet du chef de l’État a fait montre de bravoure et d’endurance. Il ne s’est pas laissé vaincre par le désespoir et a fourni beaucoup d’efforts pour garder son sang froid.

Finalement acquitté…

Acquittement pur et simple. Pour absence des preuves, le président de l’UNC est innocenté, à la grande satisfaction de ses cadres, militants de son parti, sympathisants et ses avocats. Tous saluent le véritable état de droit.

Kamerhe le revenant

Celui qu’on croyait enterré vient de renaître de ses cendres, véritable phœnix, comme l’a évoqué sur Twitter, l’ancien secrétaire général de son parti, Jean-Baudouin Mayo. « 20 ans,13 ans puis acquittement pur et simple. J’en étais convaincu car les faits pour lesquels VK était poursuivi, ne pouvaient pas être établis en bon droit. Immense épreuve de foi. Vive l’état de droit, bravo à la Justice congolaise. Celui qu’on croyait mort, enterré et revenu parmi nous tel un phoenix qui renaît de ses cendres. Merci au maître des temps et des circonstances! », a indiqué l’ancien ministre du Budget.

En majorité, la classe politique s’est réjouie de l’acquittement de Vital Kamerhe que d’aucuns qualifient d’acteur majeur dont les ressources politiques et intellectuelles sont des atouts dont le pays ne devrait pas s’en passer.

Quid du procès ?

L’heure est aux révélations des coulisses du feuilleton Kamerhe. Maître Hugues Pilusi (l’un des avocats de VK) a avoué que la frustration du premier degré (après la condamnation à 20 ans des travaux forcés), n’avait pas permis que tous les éléments de preuves innocentant leur client, soient apportés.

Janvier 2022, début d’une lueur d’espoir…

L’histoire retiendra le mois de janvier 2022 comme le début d’un espoir d’acquittement de l’ancien président de l’Assemblée nationale. Kamerhe s’était envolé pour Paris pour suivre des soins médicaux après l’aval du procureur général près la Cour de cassation d’autant plus que les termes de sa remise en liberté (obtenu quelque temps avant) précisaient qu’il n’a pas le droit de quitter Kinshasa sans l’autorisation écrite du procureur. Et la durée d’un tel déplacement ne pouvait pas excéder 30 jours. La décision du procureur n’a pas été suffisante. D’autres sources ont évoqué des négociations secrètes entre Kamerhe et le pouvoir avant de prédire que le natif du Sud-Kivu pourra jouer un rôle important dans les jours à venir. Ainsi, l’opération d’évacuation a été discrètement menée. L’entourage de Kamerhe craignait que tout soit annulé à la dernière minute. Et puis, c’était fait. Un signe avant-coureur d’un retournement de situation. Un mois, deux mois, et voilà.

L’assaut des rues par l’UNC…

L’UNC avait envahi les rues de toutes les grandes villes du pays dès le mois d’août 2020 sous les commandes du SG a.i Aimé Boji, pour protester avec rage contre ce qui apparaissait aux yeux des militants comme l’acharnement politico-judiciaire contre Vital Kamerhe. Le ton s’est davantage durci à l’arrivée de Billy Kambale au secrétariat général, lui qui est connu comme le véritable seigneur de la rue. Sous le leadership du « général 5 étoiles », les membres et sympathisants de l’UNC avaient, de nouveau, paradé dans les rues du pays pour réclamer l’acquittement du « pacificateur jusqu’au bout ».

Les Kamerhistes avaient même associé Dieu dans la lutte. Hamida (l’épouse de Kamerhe) et les militants de l’UNC ont organisé plusieurs fois des cultes pour implorer le seigneur afin d’obtenir la libération de Kamerhe. L’esplanade du Boulevard Triomphal à Kinshasa était envahie par les partisans de l’UNC pour une séance de prière en faveur de monsieur « l’innocent ».

Maintenant que VK vient d’être acquitté par la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, la prochaine étape s’avère importante. Comment et où va-t-il se positionner face aux enjeux actuels et à venir. Un peu de repos avant de descendre dans l’arène. Mais, l’agression rwandaise dans l’Est et les tensions politiques actuelles (avec le dialogue que réclame l’opposition avant la tenue des élections de 2023), Kamerhe sera contraint de se jeter dans l’eau. Lui qui doit apporter son savoir-faire pour la réélection de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême en 2023. A toutes ces questions, les réponses seront connues incessamment.

Patrick Mputu
Ouragan

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