Luc Malembe, ancien membre du mouvement Lucha en Ituri passé en politique au côté de Martin Fayulu, n’a pas sa langue en poche et n’hésite jamais à jeter un regard lucide sur la situation de son pays et de sa province.
Après avoir combattu les excès du régime de Joseph Kabila, il n’épargne pas aujourd’hui le pouvoir de Félix Tshisekedi. Un an après la passation de pouvoir entre les deux hommes, en février 2020, il osait dire sa déception : « Le pays a connu une année de gâchis alors que le peuple attendait une vraie alternance ».
Constat largement partagé mais inacceptable pour le pouvoir. Luc Malembe était arrêté en envoyé en prison à Bunia sous l’accusation de « outrage au président de la République ». Un séjour qui se prolongera un peu plus d’une semaine avant que la justice civile ne le relâche.
Deux ans plus tard, la situation n’a cessé de se détériorer en Ituri malgré l’instauration de l’état de siège. Un constat que que Luc Malembe va oser poser en novembre 2021 en critiquant cet état de siège au lendemain d’une attaque d’un groupe armé contre le camp de déplacés de Drodro en territoire de Djugu en Ituri.
Cette fois, c’est la justice militaire, qui a supplanté la justice civile depuis l’instauration de l’état de siège, qui ne supporte pas la critique et fait arrêter Luc Malembe le 23 novembre 2021 sous l’accusation de… « propagation de faux bruit ! »
Depuis cette date, Luc Malembe croupit dans la prison de Bunia sans être jugé. Mercredi, 12 janvier, cela fera 50 jours que l’homme qui ose critiquer le pouvoir est derrière les barreaux dans ce qui apparaît clairement comme une atteinte à la liberté d’expression par une justice militaire qui est juge et partie dans ce dossier sans que cela ne semble l’interpeler le moins du monde. Et pendant ce temps, la violence continue dans l’est de la RDC.
La libre Afrique