Les fidèles de plusieurs paroisses catholiques ont été empêchés d’accéder dimanche à leurs églises par des manifestants qui accusent le clergé d’être derrière un mouvement de grève dans certaines écoles de la province du Sud-Kivu en République démocratique du Congo, selon des sources concordantes. Ces « perturbations ont été observées dans au moins cinq paroisses catholiques » dont la cathédrale de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, dans l’est du pays, a indiqué la mairie.
A la cathédrale, des groupes de manifestants, essentiellement jeunes, ont occupé l’entrée de l’édifice, brûlé des pneus et scandé des slogans hostiles au clergé. Ce rassemblement a finalement été dispersé par la police qui a fait usage de gaz lacrymogène, a constaté un correspondant de l’AFP.
Des manifestants tenaient des calicots sur lesquels on pouvait lire: « Chers parents, pas d’écoles, pas d’églises ». « Il n’y aura plus de messe dans les églises catholiques et protestantes tant que leurs écoles ne seront pas ouvertes. »
Les syndicats d’enseignants des écoles catholiques et protestantes ont suspendu les cours depuis mercredi. Ils réclament entre autres « l’octroi d’un salaire décent aux enseignants (au moins 300 dollars), l’allocation des frais de fonctionnement aux écoles selon la taille de chacune d’elles ».
Cette situation a été provoquée par la toute récente mise en place de la « gratuité » de l’enseignement primaire dans les établissements à la rentrée scolaire, décidée par le président Félix Tshisekedi.
La gratuité suppose que les enseignants ne sont plus payés par les parents (comme ce fut le cas depuis deux décennies), mais directement par l’État.
Aussi, pour tenter de dégager la responsabilité du clergé dans le mouvement de grève des enseignants, l’abbé Patrice Mukata, coordinateur des écoles catholiques de Bukavu affirme dans une lettre soutenir « la prise en charge de l’éducation de base par le gouvernement congolais ».
« Nous nous inscrivons depuis la rentrée scolaire 2019-2020 dans la dynamique de la gratuité de l’éducation de base dans notre pays », ajoute-il dans une lettre au secrétaire du Syndicat d’enseignants de Bukavu, datée du 27 septembre, parvenue dimanche à l’AFP.
Les enseignants du Sud-Kivu affirment avoir touché seulement un salaire de 120.000 francs congolais (75 dollars) au mois de septembre. Alors qu’avec la prise en charge des parents, les salaires variaient auparavant de 250 à 450 dollars, assurent les syndicalistes.
La libre Afrique