Pas de reprise des classes sans augmentation des salaires sur la base convenue avec l’Exécutif, clament les syndicats des professionnels de la craie.
C’est ce lundi 4 octobre que les enseignants et les élèves doivent reprendre le chemin de l’école, après quelque quatre semaines de grandes vacances. Pandémie de Covid-19 oblige, le Gouvernement était obligé de rabattre la durée de vacances de deux mois habituels à un seul. Si le Gouvernement Sama Lukonde confirme cette rentrée des classes, à en croire le Conseil des ministres du vendredi 1er octobre, les enseignants, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. Dans l’entre temps, les parents, pris de court, faute de moyens, n’ont pas eu le temps de bien préparer la rentrée scolaire. D’où la question de savoir si elle sera bien effective dans ces conditions.
Quelques jours avant la reprise des classes, les enseignants, par leurs syndicats interposés, et le Gouvernement avaient négocié une reprise des activités scolaires apaisées pour trouver un compromis permettant de vider les litiges des années précédentes et aborder la nouvelle année avec sérénité.
Ainsi, les enseignants ont exigé l’augmentation des salaires comme convenu avec le gouvernement dans le cadre du protocole d’accord de Bibwa (du nom d’un quartier de la banlieue de Kinshasa où a été conclu cet arrangement. le 18 décembre 2019 entre le gouvernement et le banc syndical).
L’accord de Bibwa prévoit notamment : le paiement des salaires de nouvelles unités et non payés, la reprise des échelons et grades des enseignants sur les listes de paie supprimées par le Service de contrôle et de la paie des enseignants (Secope) ; l’audit du Secope ; la réduction à 5% du taux pour l’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) sur les primes permanentes ; l’octroi d’un salaire de 150 dollars à l’huissier tel que repris dans le cahier de charge de septembre 2018 de l’intersyndical national de l’administration publique (INAP).
PAS DE REPRISE SANS AUGMENTATION DES SALAIRES
Les syndicalistes insistent sur l’application du 2ème palier du nouveau barème, selon le calendrier fixé avec le gouvernement et attendu depuis avril 2020. Et les enseignants sont allés droit au but pour déclarer qu’il n’y aurait pas de rentrée scolaire sans augmentation de salaire.
« S’il n’y a pas augmentation de salaire, il n’y aura pas de rentrée scolaire. C’était bien dit. Si on n’améliore pas, nous restons à la maison. Il n’y aura pas reprise » , a menacé Étienne Mbaka, secrétaire général du syndicat Force des enseignants solidaires et agissants du Congo.
LE GOUVERNEMENT PAS RASSURANT
De son côté, le gouvernement vante les efforts qui ont été fournis jusque-là dans le secteur de l’éducation et promet d’améliorer progressivement les conditions des enseignants.
Et tout récemment, au cours de la 22ème réunion du Conseil des ministres, le Gouvernement a été rassurant en confirmant la rentrée scolaire ce lundi.
Dans sa communication, le Président Félix Tshisekedi a indiqué que, pour la rentrée scolaire prévue le lundi 4 octobre, environ 2 millions de nouveaux inscrits sont attendus. Un constat positif qui traduit autant des efforts réalisés par le Gouvernement que la maturation de l’appropriation du programme de la gratuité par la population, particulièrement les parents.
L’Exécutif espère qu’en dehors de ces acquis, le programme de gratuité devrait atteindre l’objectif de zéro paiement par enfant congolais. Il s’attend à améliorer les infrastructures adéquates et les conditions de travail et le traitement des enseignants pour un rendement scolaire optimal et qualitatif.
Il a instruit le Premier ministre de prendre les dispositions nécessaires pour rendre effective la rentrée scolaire sur toute l’étendue de la République, avec les mesures exceptionnelles pour les provinces sous état de siège.
LES PARENTS DESEMPARES
Si le Gouvernement est rassurant en confirmant la rentrée scolaire, il reste que les parents, un autre maillon très capital de l’éducation, sont presque désemparés, puisque pris de court en raison de la brièveté des vacances. Coincés entre la précarité de leurs conditions de vie et les vacances très courtes, les parents d’élèves ne savent plus à quel gouvernement se fier pour résoudre son lot de problèmes liés à la rentrée des classes :
Alors que programme de la gratuité de l’enseignement de base devrait les délester de leurs charges scolaires, il n’a fait que les alourdir. D’autant plus que l’Etat est aujourd’hui incapable d’assurer cette gratuité sans mesures d’encadrement. Privées de moyens financiers et matériels dont elles disposaient avant l’avènement de la gratuité, aujourd’hui, les écoles sont incapables de fonctionner normalement car sans frais de fonctionnement adéquats.
C’est dans ces conditions d’incertitude qu’intervient la rentrée scolaire 2021-2022 qui a toutes les chances- ou tous les risques- de connaître des perturbations.
Kléber KUNGU
Forum des as