Le chef du parti-secte Bundu dia Mayala (ex-Bundu dia Kongo), Ne Mwanda Nsemi, a déposé sa candidature à l’élection de gouverneur de la province du Kongo-Central. Il a été le protagoniste de plusieurs événements violents – des résistances armées à l’arrestation ou des attaques contre des « non-originaires » de la province – et interné en 2020.
Treize des 26 provinces de la RDCongo doivent élire, début janvier, de nouveaux gouverneur et vice-gouverneur. L’élection, d’abord prévue le 3 décembre, a été reportée d’un mois en raison du manque de candidatures. Ces élections sont rendues nécessaires parce que les assemblées provinciales ont destitué l’exécutif local. Que cela soit arrivé dans la moitié des provinces indique à quel point ces dernières sont instables.
Des provinces mal conçues
On en attribue généralement la cause à deux facteurs. D’abord la précipitation de l’ex-président Joseph Kabila pour les créer soudainement en 2015, alors qu’il ne s’en était pas occupé jusqu’à là bien qu’elles soient prévues par la Constitution de 2006; il entendait ainsi affaiblir le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, pressenti comme un rival politique alors qu’il venait de prendre ses distances avec le chef de l’Etat qui commençait à manoeuvrer pour s’incruster au pouvoir au-delà de la fin légale de son mandat, décembre 2016. Kabila restera Président jusqu’à décembre 2018. Créées dans la précipitation, les provinces sont mal conçues, mal organisées.
Le second facteur d’instabilité des provinces est lié au non paiement des émoluments des députés provinciaux, qui en deviennent encore plus vulnérables à la corruption, ce qui facilite les renversements.
Sédition et coup de folie
Parmi les treize provinces qui doivent élire leurs gouverneur et vice-gouverneur, on note le Kongo-Central (ex-Bas Congo), où la candidature la plus en vue est celle de Ne Mwanda Nsemi, chef de la secte politico-mystique Bundu dia Mayala. L’homme avait été interné en mai 2020, à l’issue d’un nouvel épisode de violence.
Zacharie Badiengisa de son vrai nom, dit Ne Mwanda Nsemi, dirige le parti-secte Bundu dia Kongo, renommé Bundu dia Mayala après son interdiction, en 2008. Cet ancien laborantin anime depuis des années un mouvement mystico-identitaire kongo, qui se réfère à la grandeur passée du Royaume Kongo précolonial – qui était dès le XVe siècle en rapport avec la cour du roi du Portugal – et en revendique l’indépendance. L’homme avait été élu député en 2011.
En janvier 2020, Ne Mwanda Nsemi s’était auto-proclamé président du Congo. Cette année-là, ses adeptes au Kongo-central (ex-Bas-Congo, où l’ethnie kongo est majoritaire) ont provoqué à plusieurs reprises des troubles en s’en prenant aux « non-originaires », en particulier des fonctionnaires. La majorité des Kongos appuient ce rejet – même s’ils n’approuvent pas forcément la violence des Bundu dia Mayala – en raison d’un sentiment largement répandu d’être laissés de côté dans la gestion de « leur » province. A plusieurs reprises, il y a eu des victimes, généralement des adeptes du parti-secte, mais aussi des policiers.
Marie-France Cros
La libre Afrique