La guerre sera nucléaire entre l’opposition FCC et le pouvoir de Félix Tshisekedi incarné par l’Union sacrée (USN). Les uns appelant au dialogue, les autres s’opposant à tout partage.

Déjà le vendredi 15 avril 2022, la tension politique était au zénith au Palais du peuple. Le FCC a fini par imposer son boycott à tout débat sur la loi électorale exigeant au préalable un dialogue pour un consensus national avant la tenue effective des scrutins de 2023. Le FCC qui se tenait en embuscade contre toute nouvelle mutinerie politique qui se traduirait par un passage en force de la loi électorale à l’Assemblée nationale, s’est chargé de déplanter toutes les revendications antérieures pour les replacer sur la table. Recomposition de la Cour constitutionnelle et de la CENI, garanties de transparence et de financement des élections, sécurisation du processus électoral etc.

Le FCC ne désire aucun poste à l’Union sacrée

Le bilan peu reluisant des trois années de gestion du successeur de Joseph Kabila n’attire plus de convoitises politiques. Au FCC restant, plus personne vraiment n’est disposée à transhumer. Étant donné qu’à l’Union sacrée, les mythes de l’opulence du pouvoir tombent d’un jour à l’autre. Les postes de responsabilité devenus rares sont querellés, cas de la fonction du premier vice-président de l’Assemblée nationale qui divise l’UDPS et ses alliés. Cas également des postes de représentation dans la diplomatie congolaise où des candidats ne font que gonfler les listes. Même au sein des entreprises publiques, l’on se bouscule au portillon et l’on multiplie des coups contre les gestionnaires actifs. La guéguerre de l’Ogefrem fait défiler toutes les compétences à la tête de l’entreprise depuis le départ de Patient Sayiba Tambwe, sans vraiment parvenir à contenir le déficit de gestion y afférent. Il en est de même de la crise à la Régie des voies aériennes (RVA) où le personnel est antagonique vis-à-vis de son actuel comité de gestion tout comme à la Regideso où l’IGF a désormais orienté ses contrôleurs. Bref, l’ambiance au sein de l’Union sacrée n’est plus à l’attraction. Faute d’une coordination stable, le système navigue à vue. Les dernières indiscrétions de la rencontre entre le président de l’Assemblée nationale et les élus nationaux révèlent que les députés auraient été privés de toute possibilité de débat sur les dossiers épineux du moment. Et certaines menaces sur la dissolution de l’Assemblée nationale ne seraient pas à prendre à la légère. Du coup, la maison a tendance à se refermer sur elle-même, sans oxygène ni luminosité démocratique.

Le député Léon Nembalemba estime ouvertement que rien ne va et que le chef de l’État doit nettoyer les écuries pour tenter de sauver la face de la majorité présidentielle. C’est donc dans ce contexte d’une démocratie désertique que le FCC décide de prendre ses responsabilités en s’opposant à toute forfaiture électorale. Pour ces fidèles à Joseph Kabila, il ne s’agit pas de négocier des portefeuilles, juteux soient-ils, à qui que ce soit, mais plutôt de négocier un décollage stabilisé du processus électoral pour éviter à la nation toute éventuelle dérive. Dans cette perspective, Raymond Tshibanda, le coordonnateur du comité de crise du FCC ouvre toutes les façades de sa plateforme aux alliances utiles pour des objectifs communs. Tshibanda, le dernier gardien de la maison politique de Kabila ne s’oppose même plus à une alliance politique avec Lamuka de Martin Fayulu Madidi ou à toute autre dynamique de changement, qu’elle provienne de la société civile ou de la classe politique.

Mboso et Mutamba ferment la porte de l’intérieur

Le refus de tout dialogue entre la majorité et l’opposition est conçu comme un réflexe d’auto-protection des dignitaires de l’Union sacrée. Principal prétexte, la difficulté de réunir des postes disponibles pour les nouveaux arrivants au moment où les premiers transhumés peinent à se trouver une case au sein de la même majorité. Le président de la chambre basse du Parlement, Christophe Mboso Nkodia n’est pas allé par le dos de la cuillère pour expliquer aux députés de sa famille politique qu’ils ne sont pas du tout disposés à partager leur pouvoir avec quiconque. « Êtes-vous prêts à partager notre pouvoir ? », demanda-t-il à ses collègues rassemblés à l’hôtel du Fleuve. D’autre part, Constant Mutamba, coordonnateur de la Dynamique des progressistes révolutionnaires (DYPRO), plateforme politique anciennement membre du FCC composée essentiellement des leaders issus de la dernière vague des transhumants vers les institutions, notamment ceux ayant intégré l’équipe Kadima à la CENI, vient de donner de la voix. « Pas question de dialoguer, il faut aller aux élections », a-t-il lancé samedi dernier à travers un meeting à son siège principal. Pour cet acteur politique en effet, il faut faire confiance à la CENI actuellement en place pour rattraper le temps perdu. Perçue comme un levier politique de l’actuelle CENI, la DYPRO s’acharne à conserver ses deux délégués irrégulièrement investis à la centrale électorale. Décidément, la majorité n’a pas abandonné sa méthode consistant à gérer et geler les questions sensibles. Il faut donc craindre un nouveau passage en force de la loi électorale à l’Assemblée nationale et toutes les conséquences qui en découleraient.

Tshisekedi et Kabila désormais en derniers remparts

Les prévarications observées depuis le début du processus de réforme électorale n’augurent nullement des lendemains sûrs pour la nation. De la désignation polémique du président de la CENI à l’investiture tout autant contestée d’un secrétaire exécutif national proche du pouvoir, en passant par plusieurs marches de contestation du président Denis Kadima, le décor est fiévreusement saturé pour interpeller les deux principaux décideurs. D’abord le président de la République, Félix Tshisekedi qui est le patron de la majorité et dont la décision est susceptible de stabiliser la crise. Ensuite, Joseph Kabila, chef de l’opposition parlementaire dont la célébrité populaire devrait fronder le pouvoir et avertir celui-ci d’une surprise électorale prochaine.

La CENCO et l’ECC se sont déjà offertes en volontaires pour faciliter le rapprochement des tendances politiques en présence dans l’optique d’une quête raisonnable de consensus autour du processus électoral.

Athanase Mwenge
Ouragan

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