La Société civile, pour sa part, propose que le président de la République, en garant du bon fonctionnement des institutions de la République, garantisse la tenue des élections transparentes et apaisées au pays
Quant aux agents et cadres de la Ceni, frustrés par la gestion « solitaire » de Kadima, ils recommandent à leur chef de laisser chaque organe de cette institution assumer pleinement et librement ses responsabilités réglementaires et organiques, sans aucune interférence de son cabinet.
A quelques jours seulement de la clôture des opérations d’identification et d’enrôlement dans les 10 provinces de la première aire opérationnelle, le bilan est loin d’être satisfaisant. Au contraire. Des ratés et irrégularités en cascade constatés dans le déroulement de ce processus, avec des machines qui tombent régulièrement en panne, sinon en nombre très réduit pour faciliter les opérations, des opérateurs qui éprouvent beaucoup de difficultés de se servir de ces machines, un délai d’enrôlement relativement très court, des cartes d’électeur à la qualité (photo) fort critiquable, des opérations entachées d’ » achat de service » ….Pas seulement.
De partout fusent des déclarations dénonçant tous ces couacs. Parmi les organisations dénonciatrices, la MOE Cenco-l’ECC qui rend publique une déclaration à mi-parcours sur le déroulement de ces opérations dans les 10 premières provinces enrôlées. Et les critiques et les sonnettes d’alarme ne viennent pas que de l’extérieur de la Centrale électorale. Un malaise couve également à l’interne car le bureau de la Céni est couvert d’un ciel très nuageux. Ici les relations entre le président Denis Kadima et la Rapporteure Patricia Nseya sont en dents de scie.
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LA MAISON CENI BRULE A PETIT FEU
A en croire la lettre de Patricia Nseya qui a fuité dans la presse dans laquelle elle tire » la sonnette d’alarme en vue de prévenir et anticiper les dangers éventuels ». Les uns et les autres préviennent le patron de la Centrale électorale du danger à venir. M. Kadima semble ne pas en tenir compte. Alors que la maison Ceni est en train de brûler à petit feu, pour certains observateurs avertis, il est temps d’évacuer tous ces problèmes pour éviter au pays, déjà malade de l’insécurité due à l’agression du Rwanda via le M23, des élections chaotiques, bâclées, sources de conflits et d’illégitimité des institutions et de leurs animateurs.
A l’intérne, de plus en plus des voix accusent Denis Kadima, le Président de la Céni. En effet, c’est un secret de Polichinelle : la Commission électorale nationale indépendante est plongée actuellement dans un malaise général.
En premier lieu, la lettre de la Rapporteuse Patricia Nseya Mulela adressée au président de la Céni montre bien un pan de la situation prévalant au sein de cette institution d’appui à la démocratie. Dans sa correspondance, Patricia Nseya a égrené, point par point, la manière dont la Centrale électorale est en train d’être dirigée par Denis Kadima, seul maître à bord du bateau, appuyé par un groupe de cinq agents issus d’une « structure parallèle ».
Celle-ci ne s’est pas limitée à écrire. Elle a fait une sortie médiatique très révélatrice à la télévision dans le cadre de l’émission « Tosolola bongo » , consacrée à la gestion actuelle, de la Céni. Au sein de la Ceni, les langues se délient sur les raisons du malaise qui plombe les opérations d’enrôlement des électeurs.
La Centrale électorale est dotée de deux organes : la Plénière (l’équivalent du Conseil d’administration) et le Bureau. Chargé d’exécuter toutes les décisions de la plénière, le Bureau est avant tout une structure politique. En plus, il y a le Secrétariat exécutif national chapeauté par un Secrétaire exécutif national. Ce Secrétariat dispose de Secrétaires exécutifs provinciaux, de la direction technique et des antennes.
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DES STRUCTURES PARALLELES A LA CENI
De tout ce qui précède, il est clair que le numéro un de la Céni assume des fonctions politiques, tandis que le Secrétariat exécutif national est foncièrement technique. Mais de notre enquête, il ressort qu’il existe un certain empiètement des tâches ou attributions. Des agents interrogés, il ressort que le nouveau management de la Céni se solidifierait par des structures parallèles qui fonctionnent dans son cabinet. D’où le climat malsain au sein de la Céni. Nos sources citent trois agents de main du président de la Céni. Ils seraient au cœur du projet Miru, du nom de l’entreprise auprès de laquelle la Céni a acheté les kits électoraux, mettant à l’écart ceux à qui les statuts de la Ceni reconnaissent la charge, c’est-à-dire les membres du Bureau en charge de la question, ou encore le Secrétariat exécutif national qui est la structure statutaire d’exécution. Il s’agit d’un marché non seulement très juteux, mais également aux enjeux très stratégiques! A ces trois, se greffent deux autres personnes de confiance de M. Kadima. Il s’agit d’une caissière qui serait devenue une questeure adjointe et d’un super conseiller en charge de la logistique, formation et opération. Plusieurs décisions d’ordre technique ne passent que lorsqu’elles ont l’aval de ces cinq hommes de confiance de Kadima. Voilà, déplore, la mort dans l’âme, comme est gérée actuellement la maison Céni.
IL EST TEMPS QUE DENIS KADIMA SE RESSAISISSE
A ce jour, doit-on être fataliste pour laisser que la situation devienne irrécupérable ? Pour certains observateurs avisés et certaines sources contactées rompues en matière électorale, rien n’est encore perdu. A moins que Denis Kadima par qui arrive le danger que court son institution persévère dans cette situation et fasse fi de tous les appels lancés à son endroit par notamment les Eglises catholiques, protestante, la Société civile…
Il est donc temps que le patron de la Céni se ressaisisse pour sauver la maison Céni en danger. L’erreur est humaine. Persévérer (dans son erreur) est diabolique, telle est la version française de la célèbre locution latine » Errare humanum est, perseverare diabolicum » Denis Kadima a la chance d’avoir des sapeurs-pompiers prêts à lui apporter véhicules anti-incendie et autre matériel pour l’aider à éteindre le feu.
Dans un rapport produit à mi-parcours sur le déroulement des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs dans la première aire opérationnelle qui regroupe 10 provinces de l’Ouest du pays, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC), appuyées par leur Mission d’observation électorale (MOE) notent plusieurs problèmes de dysfonctionnement. Il s’agit notamment de l’inexistence de certains centres d’inscription, de l’achat de service, surtout à Kinshasa.
Les deux Eglises proposent entre autres remèdes au mal de la Céni la prolongation de l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs dans les centres ayant ouvert en retard et ceux ayant été victimes de dysfonctionnement entraînant ainsi l’interruption de l’opération pendant des heures, des jours et des semaines. Cette prolongation devrait tenir compte du temps perdu par chaque centre d’inscription. »
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ON DEVRAIT ETRE EN MESURE DE CONNAITRE LE NOMBRE EXACT D’ENROLES CHAQUE JOUR
La Société civile n’est pas restée les bras croisés. Elle a également produit son rapport à mi-parcours de ces opérations. Ses experts ont relevé plusieurs de faiblesses de ces opérations. Parmi lesquelles, l’inquiétude sur la fiabilité des chiffres exacts des enrôlés au 14 janvier à la suite de la déclaration du président de la Céni sur les antennes de Top Congo FM affirmant l’incapacité de son institution de donner à temps réel le chiffre exact. En effet, conclut le Panel des experts de la Société civile, chaque jour on devrait être en mesure de connaître le nombre exact des enrôlés au point où » le millionnième enrôlé » était instamment connu de tous. Pour la Société civile craint que le dispositif de la consolidation des données n’ait été déréglé à la Céni. Aussi propose-t-elle certaines pistes de solution en guise de recommandations. Que le président de la République assure des élections transparentes et apaisées. Tout en recommandant la prolongation des opérations, la Société civile émet de l’inquiétude de voir le pays basculer vers l’inconnu dans ce processus électoral. Et de se demander, en substance : « qu’en sera-t-il pour la transmission des résultats des élections ? »
A chacun donc de s’occuper de ses oignons. Tout président de la Céni qu’il puisse être, que Denis Kadima s’occupe également de ce qui le concerne et les veaux seront bien repus. Il lui est recommandé de laisser chaque membre du bureau assumer pleinement ses responsabilités réglementaires et organiques. Qu’il laisse l’administration conduire les activités opérationnelles et techniques sans interférences de son cabinet. Qu’il laisse également aux directions techniques assumer pleinement leurs attributions et responsabilités.
Kléber KUNGU
Forum des as