L’archevêque métropolitain de Kinshasa, le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu était face à la presse vendredi 3 janvier à Kinshasa, après avoir effectué une visite pastorale de 4 jours dans les territoires de Beni et Butembo (Nord-Kivu). Plus d’une heure devant les médias, il a notamment décrié la misère de la population de cette partie du pays et a tiré la sonnette d’alarme sur le « plan de balkanisation » de la République démocratique du Congo (RDC) à partir de sa façade orientale. Retour sur les grandes lignes de sa sortie médiatique.

La balkanisation de l’Est du pays

« J’ai la nette impression qu’il y a un projet de balkanisation de notre pays. Il ne faut donc pas se voiler la face. Il y a une volonté de mettre notre pays à genoux. De prendre un morceau de ce pays ».

« Il est regrettable que certains compatriotes passent leur temps à festoyer à Kinshasa, alors que le risque de balkanisation du pays est en marche ».

« Le malheur dans l’Est, c’est que nos frontières sont poreuses. On peut entrer et sortir comme on veut parce que la frontière est artificielle. On ne se sait pas où se trouvent actuellement la frontière».

« Cela se vérifie à travers le remplacement des populations déplacées par, généralement, des populations rwandophones ou ougandophones et ça se complique, parce que nous avons une frontière non pas du type naturel ».

« Comment distinguer les populations qui sont au Congo depuis longtemps et d’autres personnes qu’on est en train de déverser au Congo d’aujourd’hui? Pour cela, il faut un État organisé. Il faut un contrôle de nos frontières ».

« C’est une grosse erreur que de considérer tout celui qui est d’expression rwandophone d’étranger ».

« Il appartient au gouvernement d’assumer ses responsabilités pour convaincre les pays voisins: l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi d’arrêter de déverser leurs populations au Congo ».

Sur la proposition d’Adolphe Muzito de faire la guerre au Rwanda

« Dans le contexte actuel, il est difficile d’aller en guerre contre le Rwanda et l’Ouganda. Il faut d’abord structurer l’armée, la doter des moyens nécessaires. Si cela n’est pas fait, ça serait une mauvaise chose ».

Les investissements mafieux

« Ce sont des grands mafieux qui font des affaires au Congo avec la complicité des fils et filles du Congo qui sont en situation de pouvoir, que ça soit les politiciens ou dans l’armée. Les vrais investisseurs n’investissent pas au Congo d’aujourd’hui. Nous avons tout intérêt à regarder la réalité en face de n’est pas nous voiler la face ».

L’armée congolaise

« On veut faire croire à notre population que l’armée ne fait pas son travail. L’erreur que nous commettons toujours, c’est de donner (toujours) une image trop négative de notre armée, ce n’est pas du tout la cause de notre pays, l’armée est constituée de nos frères et sœurs (…) Nous n’avons pas le droit de les mépriser ni les ridiculiser ».

« Nous n’avons pas le droit de parler toujours de notre armée comme nous aimons le faire, de façon négative, ce sont les gens qui méritent notre admiration, notre considération ».

« Les militaires sont là mais ils n’ont pas toujours les moyens de faire la guerre, c’est ne pas de leurs fautes (…) Vous ne pouvez pas attendre d’une armée une prouesse et en même-temps ne pas lui donner les moyens de son action ».

Sur le dédoublement du regroupement politique AFDC–A de Bahati Lukwebo

« Nous devons apprendre à respecter les autres. Notre classe politique au Congo, c’est si tu ne penses pas comme nous, tu es un ennemi. Et on le fait au niveau du pouvoir ».

« L’alternance que nous avons aujourd’hui, même si c’est critiquable, c’est quand même le fruit de l’Accord de la Saint-Sylvestre. Nous avons refusé le dédoublement des partis politiques. Cela a été mentionné dans l’accord. ll est inacceptable qu’après cet accord que l’on continue à dédoubler les partis. Hier, c’était l’UDPS, c’était le MLC, c’était le MSR. Et l’accord de la Saint-Sylvestre avait levé l’option d’arrêter avec ces pratiques ».

A propos de l’an 1 de la commémoration de l’alternance

« On devrait être normalement en deuil (…) ce n’est pas le moment de faire la fête ».

Les militaires sous sanctions

« Ça met tout le monde dans l’embarras. Il n’est pas normal que des militaires qui ont été sanctionnés reçoivent des promotions. Même nous aussi comme Église, nous n’arrivons pas à comprendre pourquoi des militaires qui sont sous sanctions, et qui ont des dossiers très graves ne rendent pas compte à la Justice et qu’ils continuent à recevoir des promotions, c’est incompréhensible! Ça ne fait pas honneur à notre armée ».

Christine Tshibuyi
Actualite.cd

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