C’est l’histoire d’un couple de libertins dont la femme a décidé de convoler en justes noces avec un mari plutôt recommandable.

Au bout d’une année de ménage rigoriste, la femme, nostalgique de la licence à laquelle l’avait habitué son ancien mari, décide finalement de délaisser la vie idéale de couple à laquelle elle s’était reconvertie, pour renouer avec son vieil amant afin de donner à nouveau libre cours à sa concupiscence. Pour les analystes avertis du landerneau politique congolais, l’allégorie énoncée correspond en tous points à ce qui s’observe ces derniers instants dans la vie sociale des Congolais, en l’occurence avec le dérèglement des prix des biens de consommation.

Ukraine ? Pas que l’Ukraine ?

Il est vrai que la résurgence de la guerre froide entre les forces de l’OTAN et la Russie ne pouvait qu’entraîner une surchauffe sur les produits d’importation. En effet, la Russie et l’Ukraine, plus grands producteurs de phosphate et d’engrais, sont en même temps des greniers du monde qui participent à la production de plus de 30% de céréales consommés sur la planète. Sans compter le pétrole et le gaz russes dont l’embargo a provoqué la hausse des énergies fossiles sur le marché international où la RDC s’approvisionne notamment en produits pétroliers.

Cependant cette explication à elle seule ne justifie pas une certaine hausse constante des prix entretenue depuis le mois d’août passé, à contre-courant des efforts du gouvernement pour soulager le panier de la ménagère. Le ministre de l’Économie destitué a eu du mal à raisonner les opérateurs du secteur de l’agro-alimentaire et les importateurs des produits de première nécessité afin de revoir leurs étiquettes à la baisse, avec toutes les garanties possibles de continuer à faire du profit. En désespoir de cause, Jean-Marie Kalumba a bien été obligé d’amener le gouvernement à importer lui-même des produits alimentaires afin d’alléger les charges des ménages pendant les fêtes de fin d’année. Finalement un rouleau compresseur téléguidé a fini par envenimer la situation économique déjà volatile et à pousser l’Assemblée nationale à trouver en Jean-Marie Kalumba un bouc-émissaire idéal.

La kleptocratie se prépare

On ne saura jamais qui est derrière un journaliste sensationnel dénommé Nico Fall, autoproclamé procureur général du peuple, qui fait intrépidement la ronde des plateaux de télévision avec sa valise pleine des produits du panier de la ménagère, en montrant que c’était le paradis à l’époque de Kabila et que tout se désagrège depuis l’avènement de Tshisekedi au pouvoir. Le fait que ce saltimbanque ait pris le pari que la situation économique irait de mal en pis avant même la pandémie de la Covid 19 et la guerre en Ukraine est la preuve qu’il existe effectivement des officines qui fonctionnent à plein régime pour saboter l’alternance démocratique obtenue de haute lutte par l’UDPS le 24 janvier 2019 après 37 de lutte démocratique non violente.

L’enjeu serait de rendre les Congolais nostalgiques de l’ancien régime et de faire revenir l’un de ses ténors au pouvoir en 2023. Une stratégie payante peut-être, mais certainement cynique d’autant plus qu’elle ne mise que sur l’accroissement de la misère du peuple congolais pris en otage par des kleptocrates sans foi ni loi. Effectivement, les apparatchiks du régime kleptocratique de Kabila continuent à contrôler l’économie congolaise qu’ils veulent désormais suffoquer pour pousser au pire à une insurrection populaire, au mieux à un rejet des démocrates tshisekedistes au pouvoir. Comme si le président Tshisekedi et les siens auraient eu tort de ne pas, à leur tour, piller le patrimoine commun de manière à conditionner à leur guise l’électorat…

Retour au bercail ?

Il s’observe depuis un temps une sorte de rabibochage larvé entre Joseph Kabila et certains de ses poulains ayant adhéré à l’Union sacrée. Ceux-ci croyaient avoir carte blanche pour poursuivre leur œuvre de prédation dans les secteurs des mines, des importations et du commerce. Mal leur en a pris, car fidèle à son serment constitutionnel, Félix Tshisekedi a résolument fait du contrôle citoyen et de la lutte contre les antivaleurs son cheval de batail dans les faits. « Déçus », la plupart des kabilistes de l’Union sacrée multiplieraient des appels de pied au gourou de leur secte pour participer à la multiplication des bâtons dans les roues du pouvoir, aux fins de faciliter le retour vers le passé. Selon nos câbles, l’offre la plus improbable serait venue de Modeste Bahati Lukwebo, de plus en plus à l’étroit dans l’Union sacré, qui aurait même proposé de récupérer les actifs de la décadente EGAL vers REGAL. Comme on peut le voir, l’homonymie entre le holding du clan Kabila et celui de Modeste Bahati n’était donc pas que proverbiale. Il y avait donc déjà dans la création de ces deux entreprises kleptocratiques un pacte implicite à composer sempiternellement pour la conservation des prébendes acquis sur le dos du peuple.

Sursaut patriotique

Rien de grand ne peut s’obtenir sans sacrifices. La transition vers la terre promise n’est possible qu’à partir de la traversée stoïque du désert. Le bonheur à long terme du peuple congolais passe obligatoirement par le « déboulonnement » des prédateurs qui se sont substitués à un Etat exsangue que des charognards ont eu le malin plaisir de placer dans un cercueil doré. Mboka ekufaki ya solo. Il appartient maintenant aux Congolais d’être résilients et de ne pas développer le syndrome de Stockholm en applaudissant leurs bourreaux qui reviennent dans un déguisement d’anges de lumière. Si les prédateurs nous avaient raté une première fois, ils risquent cette fois de prendre toutes sortes de précautions pour nous maintenir dans la servitude ad vitam aeternam. Il y va de la vie de la nation et des générations futures qu’il faut nécessairement mettre à l’abri des manœuvres diaboliques des ennemis impénitents du peuple. L’heure est grave.

Ouragan

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