Fixée pour hier lundi 25 octobre 2021, l’ouverture du procès du sénateur Augustin Matata Ponyo Mapon, poursuivi pour détournement présumé des fonds destinés au financement du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, a effectivement eu lieu devant la Cour Constitutionnelle. Diffusée en direct sur la télévision nationale congolaise, à l’image de celle de Vital Kamerhe, ancien Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, la première audience n’a duré que quelques minutes, le temps d’identifier les principaux prévenus, à savoir Matata Ponyo, présent en chair et os, Patrice Kitebi, ancien ministre Délégué près le Premier ministre et ancien Directeur général du FPI (Fonds de Promotion de l’Industrie), et Christo Globler, Gérant de la firme sud-africaine «Africom».

A la demande des avocats de la défense, le début de l’instruction a été renvoyé au 08 novembre 2021, le temps pour la haute Cour de trouver un interprète pour le prévenu précité, qui est locuteur de l’anglais. Ce n’est que partie remise, pourrait-on dire.

On retient, pour l’heure, que de lourdes présomptions de détournement de 205 millions de dollars américains sur les 280 décaissés par le Trésor public pour la construction du Parc Agro-industriel de Bukanga Lonzo pèsent sur les trois prévenus. Selon l’Inspection Générale des Finances, Augustin Matata Ponyo serait le principal donneur d’ordre dans la sortie de ces fonds.

On signale que plusieurs anciens ministres du gouvernement Matata, notamment Louise Munga (Portefeuille) et Jean-Chrysostome Vahamwiti (Agriculture), entendus à l’époque à l’Inspection Générale des Finances, avaient déclaré avoir été tenus à l’écart du dossier de Bukanga-Lonzo, exclusivement géré au niveau du cabinet de la Primature.

En dépit de toutes les charges qui convergent vers sa personne, Matata n’a cessé de clamer son innocence dans une longue série de communications médiatiques, tant écrites qu’audiovisuelles. Selon une des informations livrées au public par son « réseau », le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guteress, aurait même réagi négativement aux poursuivies judiciaires engagées contre le Premier ministre honoraire. Dernièrement, 33 organisations non gouvernementales lui ont également apporté un soutien sans réservé, estimant que la Cour Constitutionnelle faisait fausse route dans sa traque de Matata et consorts.

Au regard de la ligne de défense adoptée par Matata Ponyo avant l’ouverture de son procès, on serait tenté de croire qu’il serait vide. A un moment donné, ses avocats avaient même annoncé avoir intenté une action en justice contre l’Inspecteur général des Finances, Jules Alingete, pour accusations sans fondement, imputations dommageables et autres à l’endroit de leur client.

On aura noté aussi un éphémère round de contestation de la compétence de la juridiction habilitée à juger Matata, sénateur de son état et ancien Premier ministre, même débarrassé de ses immunités. Selon la défense, celles-ci avaient été levées par le bureau du Sénat uniquement pour le dossier de la « Zaïrianisation » et non celui de Bukanga Lonzo.

A partir du 08 novembre 2021, si de nouveaux préalables ne retardent pas la procédure, les choses sérieuses pourraient commencer au niveau de la Cour Constitutionnelle. Le vœu des millions de Congolaises et Congolais est que la vérité puisse éclater dans le feuilleton de la faillite de cette ferme agro-industrielle transformée en « élément blanc » par la volonté de quelques prédateurs nationaux et étrangers.

Kimp
Le Phare

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