Le parquet militaire de la République démocratique du Congo a bouclé son enquête contre l’ex-chef de la police, le général John Numbi Tambo Banza, onze ans après l’assassinat du défenseur des droits de l’Homme Floribert Chebeya Bahizire dans les locaux de la police, a-t-on appris mardi de la justice militaire. « Les enquêtes dans l’affaire Chebeya et Bazana au niveau du (parquet militaire) sont complètement terminées. La requête de l’auditorat (parquet) militaire pour permettre de juger le général John Numbi sera déposée dans les trois prochains jours à la haute cour militaire », a annoncé à l’AFP une source au sein du parquet militaire, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.
« Plusieurs témoins et acteurs impliqués dans la mort de ces deux défenseurs de droits de l’Homme l’ont nommément cité pour des faits délictuels précis », a indiqué cette source, précisant que l’officier était visé par un avis de recherche et un mandat d’amener mais, « on ne l’a pas retrouvé sur le territoire national ».
« Quatre infractions sont retenues contre le général Numbi: assassinat, association des malfaiteurs, désertion à l’étranger et recel de malfaiteurs », a expliqué la même source.
La famille de Floribert Chebeya et l’ONG congolaise la Voix des sans voix (VSV), dont il était une figure, ont régulièrement accusé le général Numbi d’être le principal commanditaire de ce double assassinat.
Floribert Chebeya avait été convoqué le 1er juin 2010 dans les locaux de la police à Kinshasa pour y rencontrer le général Numbi, le patron de la police de l’époque, lequel nie avoir fixé ce rendez-vous.
Son corps avait été retrouvé le lendemain dans sa voiture à la périphérie de Kinshasa. Son chauffeur, Fidèle Bazana Ebadi, qui l’avait accompagné à ce rendez-vous, a disparu et n’a jamais été retrouvé. La justice a conclu que lui aussi avait été assassiné.
Le général Numbi n’a jamais été poursuivi. Il avait comparu en tant que témoin au procès en première instance en 2011, mais n’avait pas été appelé à la barre lors du procès en appel en 2015.
Sous sanctions américaines et de l’Union européenne pour des atteintes aux droits humains entre 2016 et 2018 sous la présidence de Joseph Kabila, dont il était l’un des principaux sécurocrates, le général Numbi a été démis en juillet 2020 de ses fonctions d’Inspecteur général de l’armée par le président Félix Antoine Tshisekedi Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019.
La libre Afrique