Le premier acte de ce qu’il convient d’appeler ‘‘Affaire François Beya’’ s’est joué le vendredi 3 juin dernier. L’audience n’a cependant pas abordé la question de fond, car les avocats de la défense ont soulevé plusieurs exceptions, si bien que cette première sortie de l’ex-conseiller du chef de l’Etat en matière de sécurité s’est limitée à la présentation des prévenus.
Toutefois dans les rues de Kinshasa, des plus en plus de voix s’élèvent pour qu’il y ait un procès retransmis à la radio et à la télévision, comme il en a été lors du procès des 100 jours du chef de l’Etat, avec son ancien Directeur de cabinet Vital Kamerhe. Nombre de compatriotes, en effet, veulent savoir les tenants et les aboutissants de cette affaire qui les tiennent en haleine depuis plus de trois mois.
L’on comprendrait très mal que le procès François Beya, qui soulève autant de remous, puis se dérouler loin de cameras, au moment où celui de Vital Kamerhe a été largement médiatisé. Il s’agit, au fond des questions nationales. Si, pour Kamerhe, il était question de détournements des derniers publics, pour François Beya, il s’agit d’accusation d’atteintes à la sureté nationale et, en l’occurrence de l’accusation de complot contre le président de la République.
A ce propos, les desideratas de l’homme de la rue ne sont pas éloignées des attentes de la défense, du collectif des avocats de François Beya, conduit par le Professeur Nyabirungu. Le pays en gagnerait en termes de transparence. Et aussi de la quiétude. Ce, quand on sait que quantités de choses se racontent à tort et raison sur l’affaire Beya.
Quand on sait aussi que les proches de l’ancien Monsieur sécurité du Président de la République crient à une cabale, à un conflit d’influence, à des règlements des comptes dans l’entourage du chef de l’Etat. Vrai ou faux ? Seul, justement, un procès public équitable entre et retransmis à la télé et à la radio pourrait évacuer les soupçons, suspicions des uns et des autres.
Comme annoncé, le procès des personnes arrêtées sur les accusations d’atteinte à la sûreté de l’Etat a démarré le vendredi 3 juin à la Haute Cour militaire,
siégeant en matière répressive au premier degré au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK), ex-prison centrale de Makala.
Il s’est agi principalement l’audience d’identification des prévenus et de communication des charges. Les avocats du principal accusé, l’ex conseiller spécial du chef de l’État, François Beya, ont saisi cette occasion pour introduire une demande de liberté provisoire au profit de leur client.
Requête à examiner
Après discussions, les juges de la haute Cour militaire ont promis de statuer sur cette requête à la prochaine audience, fixée à la date du vendredi 10 juin 2022. C’est ce qu’a affirmé l’un des avocats conseil de François Beya, au cours d’une interview accordée à Forum des As, après cette audience.
«L’audience d’aujourd’hui a consisté tout simplement à l’identification des prévenus et à leur donner connaissance des charges portées contre chacun d’eux. Notre demande de liberté provisoire n’a pas été examinée aujourd’hui. Elle sera examinée le vendredi prochain», a-t-il déclaré.
Griefs
Cette audience s’est tenue sur base d’une citation à prévenu, signifiée au brigadier Tonton Twadi Sekele, accusé de complot contre le chef de l’État. Selon acte de procédure, ce dernier a agi en participation criminelle avec les nommés François Beya Kasongo, Vanda Nowa Biama Guy, Cikapa Tite Mokili David, Tambwe Mauwa Lily et Kalenga Kalenga Pierre.
« Il s’agit, soutient-elle, des faits qui couvrent la période de 2020 au 4 février 2022. A en croire la citation à prévenu, la résolution de commettre ce «sale besogne» s’est cristallisée dans un message vocal, envoyé au lieutenant-colonel Kalenga Kalenga Pierre, intercepté par les services de sécurité.
Arrestations
Rappelons que François Beya a été arrêté à son domicile le 5 février dernier alors que le président Tshisekedi se trouvait au sommet de l’Union africaine où il remettait la présidence de l’institution qu’il avait occupée pendant un an à son successeur le Sénégalais Macky Sall. Il a été détenu dans les locaux de l’Agence nationale de renseignement (ANR), avant d’être transféré au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa.
Quatre de ses collaborateurs ont ensuite été arrêtés et transférés à la prison militaire de Ndolo le 4 avril dernier. Il s’agit de son directeur de protocole, d’un de ses assistants, de son secrétaire personnel et d’un garde du corps.
Orly-Darel NGIAMBUKULU
Forum des as