Les deux derniers communiqués du mouvement terroriste M23 trahissent une certaine panique morale et une débandade opérationnelle. Occuper les réseaux sociaux comme front psychologique face aux FARDC serait leur dernière stratégie.
Le communiqué du 30 juin dernier a très imprudemment ouvert le feu sur la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies, Mme Bintou Keita, dont le discours du 29 juin au Conseil de sécurité n’était pas du tout du goût du Rwanda. Le M23 aurait souhaité voir la Monusco tenir compte de sa version des faits concernant notamment les allégations de participation aux combats des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) pour conforter le Rwanda dans ses épithètes génériques vis-à-vis de la République démocratique du Congo. En plus, le porte-parole du M-23/ Rwanda s’irrite de constater qu’en dépit des messages, correspondances et autres communications développés autour de l’hélicoptère abattu par l’armée rwandaise, la patronne de la Monusco ne s’est pas alignée sur la version rwandaise. « Concernant le crash de l’hélicoptère de la Monusco, le M23 ne comprend pas la confusion qu’entretient la Monusco sur le véritable coupable qui a abattu l’engin après sa propre enquête », fait observer Willy Ngoma qui, « réfute toutes les accusations », qu’il considère, dit-il, comme « infondées ».
Le M23-Rwanda pleurniche sur le positionnement stratégique des FARDC
Alors que le Rwanda déguisé au M23 a déjà tué des élèves et détruit des écoles par ses bombardements lancés depuis son territoire en violation de tous les principes de bon voisinage, le M23 se permet tout de même de dénoncer des positions prétendument occupées par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans le Rutshuru. « Le Rwanda veut donner la certitude qu’il a suffisamment infiltré la RDC au point qu’il veut dicter à l’armée congolaise quelle attitude adopter pendant la guerre », analyse un acteur de la société civile de Kinshasa. Un journaliste, chroniqueur politique, s’étonne « que le Rwanda aille si loin, en alignant les mêmes arguments que le M23, au Conseil de sécurité, à Nairobi et même à Luanda au point de donner la preuve qu’il (le Rwanda) est le créateur du M23 ».
Bintou Keita, une parfaite médiatrice des conflits mal comprise
En déclarant au Conseil de sécurité des Nations unies, le 29 juin, que « le M23 s’est comporté de plus en plus comme une armée conventionnelle que comme un groupe armé », la cheffe de la Monusco a mis sur la table des grandes puissances, la révélation selon laquelle, le M23 est une nébuleuse qui cache bien l’évidence d’un soutien militaire massif et d’une logistique de guerre que seuls les États constitués ont l’avantage de disposer dans la région. Ceci, au moment où les FARDC ne font qu’accumuler indices, signes distinctifs et supports matériels identifiables, pièces d’identité militaire et matériel relevant de la logistique militaire appartenant aux Forces de Défense du Rwanda (RDF), des preuves que seul le Conseil de sécurité des Nations unies est incapable de certifier. A bien analyser les faits, Bintou Keita, face à la complexité de la crise où d’une part, les plus grands contributeurs financiers de la Monusco, s’accrochent à la mafia organisée sur le sol congolais où le Rwanda qui tient ses réseaux d’exploitation illicite, n’a pas eu de choix que de restituer les faits prouvables. Cas de cet hélicoptère abattu par les militaires rwandais et pour lequel la patronne de la Monusco s’est réservée, au stade actuel, d’attribuer la responsabilité à l’une ou l’autre partie belligérantes, en attendant l’aboutissement des enquêtes.
Malgré le rapport de la représentante spéciale, les puissances occidentales qui soutiennent, financent et encouragent la guerre du Rwanda sous couvert du M23, ont durci leurs oreilles. La RDC n’a pas été écoutée, mais le peuple lui, l’a été. En effet, le déferlement des manifestants civils dans les rues congolaises de Kinshasa et dans les provinces commence à inquiéter les principaux soutiens de Kigali.
La RDC s’impose en tant que nation soudée
Alors que d’aucuns voyaient Félix Tshisekedi seul dans la bataille contre l’agression rwandaise, le monde entier a été surpris de constater que « sur cette question vitale de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo, les Congolais sont capables de stopper leurs divergences internes pour privilégier l’unité nationale ». Ainsi, contre le plan de Kigali, « la nation gronde et grondera encore davantage, pour dénoncer l’invasion de la RDC par le Rwanda » jusqu’à la reprise totale des limites territoriales illégalement entre les mains des terroristes du M23″. Martin Fayulu Madidi, le plus farouche des opposants de Félix Tshisekedi, a appelé à la cohésion pour chasser les terroristes du territoire national. Adolphe Muzito, ancien Premier ministre, a multiplié des actions de protestation contre le Rwanda en signe de patriotisme et le PPRD de Joseph Kabila Kabange vient de condamner fermement l’occupation d’une partie du territoire national par le Rwanda. Cet élan de patriotisme s’est répandu dans la grande société civile, jusqu’à mobiliser toute la jeunesse congolaise. Deux grands résultats engrangés, une forte mobilisation des jeunes à intégrer l’armée nationale (FARDC) dans l’optique de tout faire pour en découdre avec le Rwanda, quoi qu’il en coûte. Deuxième résultat, tous les Congolais sont débout pour refuser toute agression, d’où qu’elle vienne. Dans cet état d’esprit, Félix Tshisekedi, requinqué, est condamné à fédérer les forces politiques et sociales de la République pour bâtir un front unique face à la guerre.
Jeanric Umande
Ouragan