Il fait parler de lui. Encore lui Kagame. Le metteur en scène des guerres dans l’Est du Congo-Kinshasa. Après son coup de gueule assumé contre le président rwandais dont l’armée mène des incursions répétées sur le territoire congolais, un début de baisse de rage contre le régime Tshisekedi a été ressenti.

Désormais, les forces politiques et sociales sont tombées d’accord avec Félix Tshisekedi que priorité doit être accordée à l’effort de guerre, à l’accompagnement de l’armée congolaise et au soutien des populations meurtries de Rutshuru, Nyiragongo, Beni et Ituri principalement. Kagame et Tshisekedi ont une histoire, celle d’un partenariat stratégique gagnant-gagnant. Mais les non-dits desdits accords inquiètent l’opposition congolaise qui soupçonne son président d’avoir fait la part trop belle au Rwanda, ce qui expliquerait la mise en place par Kigali d’une nouvelle machine de guerre contre la RDC.

Le président rwandais qui digère mal les contestations populaires congolaises contre ses visées expansionnistes sur la République démocratique du Congo, n’a plus observé de la retenue pour dénoncer une fuite en avant de la part de son ex-partenaire, Félix Tshisekedi.

Une chose est sûre, Paul Kagame demande un peu trop à Tshisekedi. Y compris, l’impossible. Le clash entre les deux hommes fait et fera encore davantage des conséquences dans la région des Grands lacs. Les peuples qui cohabitaient, en dépit de quelques grains de méfiance, se désintègrent et reviennent aux vieilles antivaleurs de la stigmatisation des peuples nilotiques par rapport aux bantous pour taxer les uns des pro-guerre ou pro-rwanda et les autres de tribalistes et de discriminatoires ou haineux.

La guerre du M23 qui use des pratiques terroristes, reveille malheureusement, tous les mauvais souvenirs des guerres de l’AFDL, du RCD, du CNDP et des M23. Des séquelles malencontreusement exhumées du fait d’une guerre que personne ne souhaite. Peu importe ce que sera l’issue de la guerre, les plans de Kigali et ses mentors occidentaux vont tomber à l’eau. Car, la pression populaire s’annonce de plus en plus vive et inexorable. Tout dépendra du tact avec lequel Félix Tshisekedi s’y prendra. Si sa politique mobilise toute l’élite nationale, sans exclusive, le président sera écouté. Dans le cas contraire, ses chances de réélection en 2023 seront incertaines. Paul Kagame est donc ce cailloux qui dérange les chaussures de Félix Tshisekedi. Les bonnes impressions entre Kinshasa et Kigali n’auront duré que quelques deux bonnes années avant leur détérioration fulgurante jusqu’à remonter à la surface tous les vieux démons des années 1990 – 1992. A l’époque, des peuples d’ethnies différentes s’entretuaient pour le contrôle de la terre avec en toile de fond, des fortes rivalités entre certaines communautés autochtones et les rwandophones, plus spécifiquement, les Tutsi.

Face à Kagame, Tshisekedi soutenu par le Roi Philippe malgré le lourd passif colonial

Au-delà des mains coupées, des humiliations et des violations des droits des peuples indigènes, la colonisation était aussi civilisationnelle puisqu’elle a ouvert les Congolais à l’instruction occidentale et au sens de l’État. Après d’interminables débats sur la nécessité de réparation des torts infligés aux Congolais par le colonisateur, « il était temps que la République démocratique du Congo se repositionne vis-à-vis de son partenaire millénaire en se définissant de commun accord, une vision pour un nouveau départ ». Des nouveaux rapports de force et des perspectives réciproquement avantageuses. Le roi Philippe a donc répondu à cette attente en regrettant ce passé sombre de flagellation et des brimades sur les congolais. Le monarque voudrait dorénavant bâtir une coopération de développement entre la Belgique et la RDC. Autre symbolique, c’est la position affirmée par le Roi de Belgique au sujet de la très sensible notion de souveraineté territoriale de la RDC face à l’activisme transfrontalier de l’armée rwandaise. Pour le Roi Philippe, « la présence belge au Congo, avant 1960, laisse aussi un héritage qui a ancré le pays dans ses frontières actuelles ». C’est ainsi qu’il va marteler sur « la préservation de l’intégrité territoriale du Congo qui est une préoccupation majeure que partage son État ». Le souverain qui visitait la RDC pour la toute première fois, n’a pas manqué de s’exprimer dans les quatre langues nationales (Lingala, Swahili, Kikongo et Tshiluba).

A côté de ces signes d’amitié clairement affichés, le roi Philippe a choisi de visiter le pays profond. Lubumbashi et Bukavu en une période d’extrême antagonisme avec le Rwanda. Encourager les jeunes étudiants à qui ce beau et grand pays réserve tout et soutenir le combat contre les violences faites aux femmes par des criminels innommables du fait d’incessants groupes armés et mouvements rebelles dans les provinces du Kivu. Tant de symboles qui ragaillardissent le leadership politique de Félix Tshisekedi. Du moins pour quelques temps. Même si par ailleurs, le roi des Belges est aussi venu dans l’ex-Congo Belge en conformité avec la nouvelle politique éducative de son pays qui a prescrit l’enseignement de l’histoire coloniale véridique aux enfants Belges.

Kokolo Jean
Ouragan

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