Le chef de la commission électorale a rompu le lien avec les chefs religieux qui l’ont porté au pouvoir.
Les hommes de Dieu maugréent. Ils n’en reviennent pas. L’expert électoral contesté par les Églises catholique et protestante a pris ses distances avec ses principaux soutiens. Kadima donne l’impression d’être très occupé. Il les prend difficilement au téléphone. D’ailleurs, s’est plaint l’un de six, « Denis » ne respecte aucun engagement depuis qu’il a pris le pouvoir. La tendance à gommer le rôle majeur qu’ont toujours joué les confessions religieuses dans le processus électoral comme par le passé, inquiète.
Kadima zappe les kimbanguistes
Apparemment, Kadima a oublié qu’il est là grâce à la volonté du père spirituel kimbanguiste qui a accepté de l’adouber. Malheureusement, l’homme a tourné casaque. Le poste de secrétaire exécutif national a été confié par Kadima à un cadre du parti présidentiel. Preuve que l’Eglise kimbanguiste qui convoitait ce poste, selon certaines indiscrétions, est totalement floué. Lui-même Kadima n’a jamais pensé même aller remercier la personne qui a fait de lui président. Pourtant, il avalait des kilomètres pour aller quémander le soutien à Nkamba. « Aujourd’hui, il parle d’un agenda chargé. Il n’a plus de temps d’aller à la cité sainte », s’étonne un chef religieux. Le temps est le meilleur allié, avertit un membre de la CIME outré par les dérives de Kadima. Même si la dernière clameur l’a poussé à réfléchir deux fois, les pères spirituels, réunis au siège de la CIME, ont décidé de lui donner la dernière chance en dépit de ses égarements. Le communiqué pondu par Dodo Kamba n’est que du saupoudrage pour la consommation du public. La frustration est réelle dans nos rangs, confie un homme de Dieu sous anonymat. D’ailleurs de bonnes sources, on apprend que quatre de six confessions n’étaient pas associées à l’élaboration du texte. On cite expressément l’Église kimbanguiste et l’Amée du Salut. A la demande de Kadima, le document signé par Dodo Kamba a été fait en précipitation juste pour éteindre le feu. Le malaise couve les relations entre les deux parties.
Processus bâclé et fraude électorale à craindre
Kadima ne rassure personne. Produit de la tricherie, selon les catholiques et protestants, ses faits et gestes seront scrutés. « Personne ne va lui donner le temps d’organiser un hold-up électoral », a prévenu un militant pro-démocratie. L’activiste redoute de voir le pays plonger dans le chaos si la gouvernance électorale actuelle persiste dans son schéma de passage en force. Les principaux acteurs ne veulent pas collaborer avec un leadership contesté. Lamuka appelle déjà à des nouvelles marches de protestation contre la politisation de la commission électorale. « Seul Kadima sera responsable si jamais le processus électoral dérapait », hurle un cadre de Nouvel élan de l’ex-PM, Muzito. Déjà qu’à l’interne, ses méthodes indignent. Mais attention, le jeu ne lui sera pas facilité avec l’arrivée de trois baroudeurs bannis de rangs de l’ancienne majorité au pouvoir. A moins qu’il use de la haute politique pour les embarquer dans son schéma.
A l’international, l’image de la CENI est totalement écornée. Le dernier épisode ( nomination au SEN ) a choqué les diplomates occidentaux. Chaque jour qui passe, l’institution censée organiser des élections voulues indépendantes et transparentes, perd en crédibilité. « Avec son candidat déjà en poche, rien de bon ne sortira des élections organisées par Kadima en 2023 », s’est désolé un prélat catholique.
Droit dans ses bottes, le président de la CENI pense dans sa tête avoir déjà franchi le rubican pour avoir imposé ses pions à des postes importants. Il oublie qu’il est dans le dur. Premier avertissement des anti-Kadima, tout calendrier qui favoriserait le glissement, ne passera pas.
Landry Amisi
Ouragan