Le coup de force tenté par les kabilistes pour contrôler la commission électorale tombe sur plusieurs difficultés: rejet massif, manifestations et …illégalité.

Décidément, Ronsard Malonda ne “passe” pas. Cet homme a été “validé” comme président de la nouvelle Commission électorale nationale indépendante (Ceni), jeudi dernier, par l’Assemblée nationale – où les kabilistes ont une écrasante majorité à la suite de l’accord de partage du pouvoir de 2019 entre l’ex-président Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. “Validé” comme candidat des confessions religieuses pour occuper ce poste. Or, les confessions religieuses n’avaient pas encore désigné officiellement ce transfuge de la Ceni sortante, qui s’était totalement décrédibilisée en tripatouillant les résultats des élections de décembre 2018 et en ne publiant pas les résultats dans le détail.

Rejeté par quatre confessions

Mieux: l’Eglise catholique et l’Eglise du Christ au Congo (protestante) – qui totalisent 80% des fidèles congolais, vient de rappeler le cardinal Fridolin Ambongo – avaient explicitement rejeté Ronsard Malonda comme “cerveau” de la fraude électorale de 2018.

Depuis sa “validation” par l’Assemblée nationale, les kimbanguistes et les musulmans ont nié l’accepter pour candidat officiel.

La désignation du président de la Ceni revient à la composante organisations de femmes/société civile/confessions religieuses. Huit de ces dernières sont reconnues officiellement; outre les quatre déjà citées, on trouve également les orthodoxes, l’Armée du Salut, les Eglises indépendantes (évangélistes, etc…) et les Eglises du réveil (multiplicité de créations autocéphales). La loi ne dit pas que c’est la composante “confessions religieuses” qui désigné le président de la Ceni; dans la pratique, cela s’est passé ainsi pour les trois précédents.

La “validation” par les députés de Ronsard Malonda comme président de la nouvelle Ceni a suscité un mouvement de colère populaire, qui s’est notamment exprimé samedi dernier par une manifestation de plusieurs centaines de personnes, dispersée par la force parce que “non autorisée”.

Le Conseil des ministres avait constaté, la veille, que la procédure de désignation du président de la Ceni faisait l’objet “de fortes contestations”. Le président Félix Tshisekedi avait tenté de calmer le jeu en recommandant qu’il soit conduit “dans un esprit de consensus, d’apaisement et dans le strict respect des règles régissant cette plateforme” des confessions religieuses. Le chef de l’Etat veillera “personnellement à ce que la procédure de cette désignation et le processus électoral soient crédibles de bout en bout”.

Jeudi prochain, l’UDPS, le parti des Tshisekedi, organise d’ailleurs à son tour une protestation contre la “validation” irrégulière de Ronsard Malonda.

Une désignation irrégulière

Irrégulière, car, commente, pour La Libre Afrique.be un juriste congolais, la désignation de M. Malonda “viole de façon grossière l’article 24bis de la loi portant organisation et fonctionnement de la Ceni, qui stipule que son président doit être issu de la société civile. Or ce n’est pas le cas de M. Malonda, qui est issu d’une institution, la Ceni sortante”.

Cette désignation viole aussi, ajoute-t-il, “l’article 20 de la loi, qui stipule que les membres de la Ceni ne peuvent exercer (ou avoir exercé) une activité susceptible de nuire à l’indépendance, à la neutralité, à la transparence et à l’impartialité de cette institution d’appui à la démocratie. Or, Ronsard Malonda est issu de la Ceni qui n’a pas produit devant la Cour constitutionnelle le détail des résultats, par bureau de vote, de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, alors qu’elle doit, en vertu de l’article 33 de la loi Ceni apporter “au juge tous les éléments d’information dont elle dispose”.

Pour cet interlocuteur, “l’opposition ne doit pas laisser passer ça”.

La libre Afrique

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