Le Président congolais Félix Tshisekedi vient de proroger, pour une durée de trente jours, l’état d’urgence proclamé depuis le 24 mars dernier sur l’ensemble du pays, pour faire face à la crise sanitaire consécutive à la pandémie de Covid-19. Ainsi, écoles, Universités, Instituts supérieurs officiels et privés, églises, discothèques, bars, terrasses, restaurants, Night-clubs devront rester fermés pendant toute cette période devant aller en principe jusqu’au 20 mai prochain. Une ordonnance signée à cet effet, a été lue sur la télévision officielle, par le porte-parole de la Présidence, Kasongo Mwema Yamba Yamba.

Pour la conformité de sa décision à la Constitution du 18 février 2006 en vigueur en RD Congo, Félix Tshisekedi a saisi les deux chambres du Parlement pour demander l’autorisation de prorogation de l’état d’urgence, proclamé au terme de l’Ordonnance n°20/014 du 24 mars 2020.

Vu des observateurs congolais, le durcissement des mesures contre la propagation rapide du nouveau coronavirus en RD Congo est sans aucune surprise. Car, la pandémie continue à prendre des proportions de croissance exponentielle. «Si les efforts de préparation en cours ne sont pas finalisés à temps, le pire est à craindre au courant des deux premières semaines du mois de mai prochain», avait alerté le Secrétariat technique du Comité multisectoriel de riposte au Covid-19 (CMR-Covid-19), dans un communiqué signé le lundi 13 avril.

QUID DE LA PEUR DU CONGRES ?

Dès lors que le Chef de l’Etat demande au Parlement, l’autorisation de prolonger l’état d’urgence, la démarche est, à tout point de vue, conforme à la Loi fondamentale. L’article 144 de la Constitution, spécialement à son alinéa 5 dispose : «L’ordonnance proclamant l’état d’urgence ou l’état de siège cesse de plein droit de produire ses effets après l’expiration du délai prévu à l’alinéa 3 du présent article, à moins que l’Assemblée nationale et le Sénat saisis par le Président de la République, sur décision du Conseil des ministres, n’en aient autorisé la prorogation pour des périodes successives de 15 jours».

D’ores et déjà, au niveau des deux chambres du Parlement, des voix s’élèvent de plus en plus pour soutenir le caractère inéluctable de la tenue du Congrès. Hélas. Il se trouve, cependant, que l’organisation de cette réunion d’ensemble de l’Assemblée nationale et du Sénat, met aux antipodes le Front commun pour le Congo (FCC) et le CACH essentiellement représenté par le parti présidentiel.

Si du côté de la plateforme politique chère au Président honoraire Joseph Kabila, on s’attache à la tenue du Congrès, le groupe parlementaire Udps et Alliés quant à lui, rejette toute idée de rassemblement des deux chambres du Parlement en congrès. En lieu et place, le parti présidentiel propose plutôt que l’Assemblée nationale et le Sénat puissent se réunir séparément. Et, c’est là la pierre d’achoppement.

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Que cache alors cette querelle de chapelle ? Qu’est-ce qui justifierait cet attachement du FCC au Congrès ? Pourquoi le camp UDPS se nourrit-elle d’une telle peur de voir les deux chambres du Parlement se réunir en congrès ? Qu’est-ce qui explique la polémique ambiante autour de ce Congrès, alors que le Président de la République avait déjà reçu la semaine dernière à N’Sele, le speaker de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda et son collègue du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba. Voilà, un échantillon de questions, parmi tant d’autres que posent les Kinois qui ne comprennent rien du tout, de la cacophonie au sein des deux camps de la coalition au pouvoir.

« (…)Par dérogation au point 2 de l’alinéa précédent, l’Assemblée nationale et le Sénat peuvent se réunir à plus de vingt personnes, dans les conditions de quorum prévues par la Constitution et leurs Règlements intérieurs respectifs pour statuer uniquement sur la demande d’autorisation de prorogation de l’Etat d’urgence proclamé par l’Ordonnance n°20/014 du 24 mars 2020 », insiste l’Ordonnance portant prorogation de l’état d’urgence, rendue publique hier lundi 20 avril. Les initiés comprennent le sens de l’emphase utilisée dans la disposition sus-évoquée de ladite ordonnance.

UN COUP FOURRE ?

Dans la foulée des supputations autour du congrès controversé du Parlement, certains affidés du parti au pouvoir déclarent, à qui veulent les entendre, que cette réunion serait un coup fourré du camp de l’ancien Président Joseph Kabila, contre son successeur Félix Tshisekedi. Selon les auteurs de cette thèse qui accusent (gratuitement?) les bonzes du FCC, ces derniers profiteraient de ce congrès pour présenter une motion incidentelle, sollicitant à la Cour Constitutionnelle, l’ouverture d’une action judiciaire contre Félix Tshisekedi.

Sur base de cette thèse et de l’opposition de l’Udps à la tenue du Congrès, doit-on tout de suite accorder un certain crédit à cette frange de l’opinion ? C’est encore là, une autre question. Sinon, d’aucuns tranchent que rien ne saurait donc justifier la querelle actuelle, au moment où le pays tout entier fait face à une crise sanitaire due au Covid-19 qui fait des ravages dans des pays plus outillés que la RD Congo.

UN VRAI FAUX DEBAT

A tous égards, des analystes avertis concluent que dépenser autant d’énergies pour un débat autour du Congrès du parlement, est une vaste distraction. C’est donc un vrai-faux débat, dans la mesure où l’ordre du jour du Congrès est bien connu. Encore que ce ne soit pas la première fois que les deux Chambres du Parlement se réunissent en congrès.

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Grevisse Kabrel
Forum des As

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