Depuis des années, le président rwandais n’annonce pas de présence américaine dans son pays. Officiels comme citoyens américains y font des allers et retours sans tambour ni trompette. Mais depuis quelques semaines, Kigali caresse son allié, on ne sait pourquoi. Cette visite d’un groupe de sénateurs américains ressemble beaucoup à l’image d’un régime à bout de souffle.

A quoi jouent les États-Unis d’Amérique, s’exclame un acteur politique congolais. Pourquoi ce silence de Washington lors de la dernière attaque visant les civils et le barrage hydroélectrique de Rwanguba ? Fernandez Murhola, activiste des droits humains et membre du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) a condamné les derniers bombardements opérés par le M23 sur le barrage hydroélectrique de Matebe dans le territoire de Rutshuru. “Je condamne vivement le bombardement par l’armée rwandaise ce 16/08/2022 du Barrage de Matebe à Rwanguba dans le Parc national des Virunga au Nord-Kivu, causant 5 civils tués et 7 autres blessés. Ce crime de guerre ne restera pas impunis ! Les parrains du Rwanda sont co-responsables”, a-t-il déclaré sur Twitter. Pour cet acteur de la société civile, les États-Unis d’Amérique ne sont pas innocents de tous les drames perpétrés en RDC par leur allié Kigali.

Les USA tourmentés par le banditisme d’État du Rwanda

Le président Paul Kagame du Rwanda a reçu vendredi une délégation du Congrès américain conduite par le sénateur ChrisCoons. La délégation, composée de trois sénateurs et de trois représentants du Congrès américain, est au Rwanda, dit-on, pour “une visite de trois jours visant à renforcer les relations bilatérales entre le Rwanda et les USA”. Une délégation des sénateurs américains qui devrait sérieusement harmoniser avec Kigali sur les pistes de réponses à apporter à la délicate correspondance de leur collègue sénateur Robert Menendez, président de la Commission des Affaires étrangères au Sénat des Etats-Unis. Cette lettre qui vient détruire toutes les gloires rwandaises de l’époque Kagame inquiète énormément la société américaine aujourd’hui accusée de financer un État voyou qui bafoue les droits de l’homme et crée des tensions inutiles avec tous ses voisins. Le sénateur Robert Menendez juge la coopération entre Washington et Kigali de “contradictoire, profondément problématique et emblématique d’une politique à l’égard du Rwanda de plus en plus en décalage avec les intérêts et les valeurs américaines”.

Dans une lettre adressée au chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, quelques heures avant sa tournée en Afrique centrale, Robert Menendez rappelle que “les Etats-Unis ont alloué plus de 147 millions de dollars d’aide étrangère au Rwanda en 2021, et a proposé 145 millions de dollars pour l’exercice 2023, faisant des États-Unis le plus grand donateur bilatéral du Rwanda”. En plus, disait-il, “l’armée rwandaise reçoit une aide et une formation américaines en matière de renforcement des capacités”. Le sénateur Robert Menendez propose que le Département d’Etat impose des restrictions de visa aux autorités rwandaises “pour leur implication dans des actes de répression. Ceci pour prévenir et répondre aux actes de la répression transnationale par le gouvernement de Kigali. Car, non seulement”, le Rwanda bafoue les lois américaines en ciblant les dissidents à l’intérieur des Etats-Unis, le Rwanda semble être le seul gouvernement étranger au monde qui est considéré par les Etats-Unis comme un partenaire et un allié, en dépit du fait qu’il détient injustement un résident américain. Menendez a exigé une explication sur ce que fait le Département d’Etat pour répondre aux actions du Rwanda ciblant les dissidents et les personnes résidant aux Etats-Unis et ailleurs. A côté de cela, le Rwanda est également une fois de plus engagé dans des actions de déstabilisation régionale en Afrique centrale. “Une semaine après la séance photo avec des hauts responsables américains, l’armée rwandaise a été accusée de manière crédible de soutenir les rebelles du M23 en République démocratique du Congo (RDC) et de déployer ses soldats au-delà de ses frontières en RDC”, avait souligné le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain.

Autant d’ennuis politiques qui mettent Kigali en inconfortabilité d’influence auprès de son allié Washington. “Jai l’intention d’examiner attentivement toute aide sollicitée au Congrès en faveur du Rwanda, et de faire suspendre toute assistance d’ordre sécuritaire, en commençant par plusieurs millions de dollars en soutien aux casques bleus rwandais, car je crains que tout soutien américain à l’armée rwandaise alors qu’elle est déployée en RDC en soutien aux rebelles responsables d’attaques contre des civils congolais, des troupes congolaises et des soldats de la paix de l’ONU, puisse envoyer un signal troublant que les États-Unis approuvent tacitement de telles actions”, avait clairement notifié Menendez à Blinken. Cette assertion serait bien l’objet pour lequel des sénateurs américains veulent comprendre les derniers événements du Rwanda pour en faire rapport à leur chambre.

Landry Amisi
Ouragan

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