Porté disparu depuis un temps, Jonathan Seke Mavinga, informaticien en chef de la Ceni, a été annoncé aux Etats-Unis. Qui pis est, dans sa cavale, le directeur du CNT aurait emporté, dans ses valises, le logiciel de base de la machine à voter ; ce système de vote électronique que la Ceni veut tester aux élections de décembre 2018, malgré la vague de critiques. A la centrale électorale, c’est la panique générale.
Finalement, selon le journal Le Potentiel, ce qui n’était que rumeur a fini par être confirmé par les hautes instances de la Ceni. Jonathan Seke Mavinga, le directeur de son Centre national de traitement (CNT), autrement dit la cellule informatique de la Ceni, a bel et bien démissionné.
Comme en pareille circonstance, à la Ceni, on explique cette démission par des raisons de convenance personnelle. Non seulement qu’il a introduit en bonne et due forme sa démission – du reste acceptée par la haute direction de la Ceni – le directeur du CNT a également reçu l’autorisation, confirme la Ceni, de sortir de la RDC pour des soins de santé appropriés. C’est le côté jardin.
Mais, côté cour, le scénario est tout autre. Des sources internes de la Ceni rapportent que depuis la volonté du bureau de la Ceni de faire usage de la machine à voter aux élections de décembre 2018, les rapports n’étaient plus au beau fixe entre le directeur du CNT et le bureau de la Ceni. Et le niveau de détérioration des rapports a été tel que le directeur du CNT n’a trouvé d’autre issue que de rendre le tablier. Ce qui, du reste, rentre dans le cadre du fonctionnement normal de toute organisation. Mais, là où le bât blesse, c’est lorsqu’on apprend qu’après sa démission, le directeur du CNT a réussi à sortir de la RDC. Direction : les Etats-Unis, après une escale dans une capitale africaine.
En sortant du pays, le directeur du CNT se serait soustrait à la vigilance des services aux frontières avec, dans ses bagages, confirment des sources concordantes, le secret de la machine à voter. Que s’est-il donc passé ? On n’en saura un peu plus dans les jours à venir maintenant que, petit à petit, des langues se délient.
A la Ceni, on essaie tant bien que mal de relativiser, même si, au fond, le coup assené par le désormais ex-directeur informatique est bien fatal. Bien évidemment, la machine à voter est au cœur du débat. La technologie importée de la Corée du Sud a fait que le CNT est au cœur de tout le processus électoral.
UNE MACHINE À PROBLÈMES
Que son responsable n°1 du CNT démissionne et se volatilise dans la nature à moins de six mois de la tenue d’élections, il y a de bonnes raisons de s’interroger. Et les inquiétudes sont d’autant plus vives qu’on rapporte que, dans sa fuite – juste après sa démission – le directeur Jonathan Seke s’est envolé avec le logiciel de base du système informatique qui régit l’opérationnalisation de la machine à voter. Rien qu’à ce titre, on comprend pourquoi une panique générale a gagné le quartier général de la Ceni, sur le boulevard du 30 Juin. Corneille Nangaa, son président, minimise l’incident. Mais, pour combien de temps encore ? C’est tout le problème.
La démission du responsable informatique passe pour ce grand arbre qui cache la forêt de la tricherie qui se met en place autour de la machine à voter. Pour l’instant, la Ceni s’active à le remplacer au plus vite. Des noms circulent déjà, dont celui du fils du vice-président de la Ceni, point focal en RDC du fabricant sud-coréen de la fameuse machine à voter.
A tout prendre, le machine à voter, qui peine déjà à faire l’unanimité aussi bien dans l’opinion nationale qu’internationale, est presque poursuivie par un signe indien. Il ne se passe pas un jour sans qu’une révélation remette en cause la fiabilité et la crédibilité du système de vote choisi par la Ceni. Que le responsable informatique rende le tablier dans des conditions tout aussi obscures qu’improvisées, l’on craint que la Ceni se retrouve prise au piège de sa propre technologie.
Pour se laver de l’opprobre, il est du devoir de la Ceni de sortir de sa torpeur en faisant toute la lumière sur ce qui s’est réellement passé dans son Centre national de traitement. Il s’agit non pas de défendre bec et ongles son gadget, mais surtout de rassurer l’opinion publique qui reste toujours sceptique sur cette technologie sortie de nulle part – car non prévue dans le chronogramme repris dans le calendrier électoral du 5 novembre 2017.
S’entêter, comme c’est le cas avec l’intransigeance dont fait preuve Corneille Nangaa, c’est planter déjà le décor d’une contestation électorale aux conséquences imprévisibles. La Ceni ferait mieux de se ressaisir. Il n’est pas trop tard. La démission de son directeur informatique est une alerte qu’on ferait mieux de prendre à sa juste mesure.
Corneille Nangaa est-il assis sur un volcan prêt à entrer en éruption avec tout le risque de déflagration sur le processus électoral ? Wait and see.
Le Potentiel / MCN