Ils arborent fièrement leur sobriquet de ’’combattants’’ ou ’’résistants’’. Et ils s’invitent au débat au lendemain de l’annonce de quelques concerts programmés en Europe par Koffi Olomidé et Werrason.
’’S’inviter’’ est un euphémisme car, pour dire crument les choses, ces radicaux de la diaspora crient haut et fort leur hostilité à la tournée des artistes musiciens kinois. Leur animosité constitue autant un frein à l’exportation de la culture congolaise qu’un obstacle à l’expansion de la carrière des pratiquants.
Est-il indispensable, voire urgent, que le gouvernement de la République s’implique dans la résolution du conflit intergénérationnel qui oppose, depuis une décennie, quelques jeunes de la diaspora à leurs compatriotes qui font la fierté de la RD Congo à l’international ? Comment s’y prendrait-il pour ramener à la raison ’’combattants’’ et ’’résistants’’ ?
Il fut un temps où des ministres en mission officielle en Europe étaient molestés, parfois dévêtus, par des ’’combattants’’. Le motif évoqué par les assaillants pour justifier leur comportement était : ’’Ces gens-là travaillent avec Kabila, artisan de la misère du peuple’’ !
Comble de contradictions : Kabila n’est plus au pouvoir. Son régime était, hier, le fonds de commerce pour déverser la haine des ’’combattants’’ sur les artistes et les officiels. Mais quel lien établir avec le concert mouvementé de Fally Ipupa en février 2020 en France ? Quels crimes imputer à Koffi et Werrason, au point de leur interdire d’exploiter leur talent – notre culture commune – et de nourrir leurs familles ?
Est-ce que les ’’patriotes combattants’’ ont conscience de ce que la patrie perd, culturellement parlant, en empêchant les ambassadeurs de la rumba congolaise de s’exprimer sur des célèbres scènes du monde ? Voilà le topo du dialogue que devra engager le gouvernement avec les ’’combattants’’. Sans délai.
Le Potentiel