Après quasiment dix ans d’exclusion, la République démocratique du Congo va de nouveau pouvoir bénéficier des préférences commerciales offertes par l’AGOA. Cette décision a été prise par le président américain sortant Donald Trump, alors que les États-Unis s’affichent comme l’un des alliés privilégiés du président Tshisekedi.
Le 19 mai 2020, Constance Hamilton, représentante adjointe des États-Unis au commerce extérieur pour l’Afrique, avait formellement écrit aux autorités congolaises pour évoquer les conditions du rétablissement de la RDC dans le programme AGOA, la loi américaine sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique.
À l’époque, le pays vit au rythme du début du procès de Vital Kamerhe, directeur de cabinet du président, accusé et condamné depuis pour détournements, alors que Washington avait demandé des efforts dans la lutte contre la corruption.
Il faudra attendre novembre pour que la procédure soit véritablement relancée. Kinshasa met alors en avant des avancées datant de l’ère Tshisekedi dans différents domaines, la libération de prisonniers politiques, le retour de personnalités en exil, la création de l’agence de lutte contre la corruption ou même la mesure de gratuité de l’enseignement primaire. Mais parmi les avancées citées, il y en a aussi des plus anciennes, datant de l’ère Kabila, comme l’adhésion à l’OHADA qui harmonise le droit d’affaires en Afrique ou la création d’un guichet unique.
De nouvelles opportunités économiques ?
Le chef de l’État congolais a bien sûr salué cette décision et l’ambassadeur des États-Unis en RDC a loué les efforts de Félix Tshisekedi qui pourrait « ouvrir d’importantes opportunités économiques ».
De son côté, un ancien officiel minimise. Il assure que la RDC de Joseph Kabila avait protesté contre son exclusion, car ça faisait « mauvaise figure », mais que le pays n’avait rien perdu. « Cela ne concerne pas les ressources minières, on n’exportait rien vers les États-Unis à part un peu de café », explique-t-il, convaincu qu’il s’agit là d’une annonce purement politique. Selon lui, il pourrait aussi s’agir de la volonté du président Trump d’imposer ce rétablissement à la prochaine administration américaine et pérenniser le statut du nouveau chef de l’État congolais comme partenaire privilégié.
Pour le ministre du Commerce extérieur qui vient de rallier le camp Tshisekedi, l’exclusion de l’AGOA avait véritablement pénalisé le pays. Jean-Lucien Bussa parle de plus de 623 millions de dollars d’exportations vers les États-Unis, pour l’essentiel de produits agricoles, en 2011 contre 21 millions seulement en 2019.
Ça va profiter aux opérateurs économiques locaux et étrangers. Et dans le même temps, ça va permettre à notre économie de changer sa structure d’exportation vers les États-Unis par exemple.
RFI