D’ores et déjà, le MLC dément le prétendu soutien de son leader à Fatshi et réitère sa participation au meeting de ce week-end. L’AR et Gabriel Kyungu prennent acte du verdict de la Haute cour.
Ça sent un parfum de désamour sous les draps de Lamuka. A preuve, les membres de cette plateforme de soutien à Martin Fayulu, n’émettent plus sur la même longueur d’ondes, après l’élection de Félix Antoine Tshisekedi à la Magistrature suprême du pays. Dans un communiqué signé hier mercredi 30 janvier, le MLC a démenti le prétendu soutien de son leader à Fatshi, qualifiant de fake news, cette rumeur qui a fait du buzz sur les réseaux sociaux. Un jour plus tôt, la plateforme katumbiste Alternance pour la République (AR) sous la signature de Jean Bertrand Ewanga déclare à haute et intelligible voix qu’elle prend acte de la victoire de Fatshi.
L’Alternance pour la République a décidé de prendre acte de l’investiture, par la Cour constitutionnelle, de monsieur Félix Antoine Tshilombo, en qualité de Président de la république, Chef de l’Etat de notre pays, la RD Congo », déclare l’AR dans son message lu devant les caméras par son Secrétaire exécutif, Jean-Bertrand Ewanga.
Même si, officiellement, Delly Sessanga et Jean-Bertrand Ewanga font encore partie de la plateforme de Moïse Katumbi, leur déclaration d’approbation de l’élection de l’actuelle Chef de l’Etat sonne comme une défection. Sans doute que les jours à venir pourraient, davantage, s’avérer révélateurs.
Cependant, si certains de ses anciens affidés ont résolu de quitter la barque, Martin Fayulu qui, sans relâche, continue à revendiquer la victoire du scrutin présidentiel du 30 décembre dernier, peut compter sur l’appui jusque-là indéfectible de Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, chairman du Mouvement de libération du Congo (MLC). Ces deux acteurs politiques, poids lourds de Lamuka se trouvant encore à Bruxelles, nient dans la foulée, tout rapprochement avec le nouveau Président élu.
Selon Lamuka, les tractations des uns et des autres ne l’engagent pas. « Les enjeux ont une dimension dans un contexte et dans d’autres. Si jamais certaines gens estiment que cette manche est terminée et qu’il faille aller à une autre manche, c’est dans leur calcul politique. On ne va pas en faire un problème » , fait savoir Désiré Mbonzi Wa Mbonzi, cadre du MLC et directeur de campagne adjoint de Martin Fayulu, avant d’enchainer que « le départ de l’un ou le langage déplacé de l’autre, ne devraient pas fonder le sens de notre combat aujourd’hui. Sinon, alimenter la classe politique. Le débat congolais n’est pas celui-là. C’est les urnes, comme instrument, comme mécanisme approprié pour une démocratie vivante, vivace, assise sur des vertus et des valeurs ».
UNE TRANSHUMANCE, SELON LE CLC
Doit-on, à la lumière des sons de cloche discordants au sein de Lamuka, conclure qu’il s’agit des calculs politiques dont l’ultime objectif de la manœuvre viserait la participation au prochain Gouvernement ? Au Comité laïc de coordination, on y voit en tout cas, une sorte de transhumance bien de la classe politique rd congolaise.
« La classe politique de notre pays est telle qu’elle est. Depuis 1960 à ce jour, elle n’a pas réussi à donner le sourire à la population congolaise qui souffre. Donc, nous, ce que l’on a vu, les demandes de la division, dans la classe politique de l’opposition comme de la Majorité, y en a toujours, ce qui est en train de se développer actuellement autour des candidats de l’opposition, ça ne surprend personne. Car il n’y a pas la sincérité dans ce qu’ils font entre eux » , ponctue Jonas Tshombela, porte-parole du CLC.
En même temps, cette structure très proche de l’Eglise catholique de Kinshasa, qui s’est illustrée par l’organisation des manifs de rue, pour la tenue des élections du 30 décembre sans la machine à voter, décrète une sorte de « cessez-le-feu » à durée indéterminée. Au cours d’une messe d’action de grâce le mardi dernier à Kinshasa, en mémoire des victimes de toutes les manifestations pacifiques organisées depuis 2016, le CLC a déclaré avoir eu gain de cause, en ce que l’alternance politique tant revendiquée au plus haut sommet de l’Etat, est à ce jour, une réalité, selon le Prof Isidore Ndaywel E’Nziem, président du CLC.
FACE A LA CACOPHONIE EN SON SEIN…
S’il y a eu un avant proclamation des résultats de la présidentielle, il y en a, sans doute aussi, un après publication. Et, cette période qui a suivi l’annonce desdits résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), suivie du verdict de la Cour constitutionnelle, se caractérise par plusieurs faits notables. Le premier est que le Président élu a été officiellement investi. De ce point de vue, la probabilité pour Lamuka, de voir les choses basculer en sa faveur, s’avère illusoire.
Par ailleurs, sur le plan interne, la très Eglise catholique locale, à travers la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), semble ne plus avoir la même vision des choses. Ce n’est donc pas un scoop de dire que les évêques sont divisés en deux camps. D’une part, ceux qui approuvent l’élection de Fatshi et, de l’autre, les radicaux qui s’arc-boutent sur ce qu’ils appellent « vérité des urnes » .
Un autre fait notable, est l’attitude des capitales occidentales vis-à-vis de l’élection de Félix Tshisekedi. Lesquelles ont fini par prendre acte du verdict de la Haute Cour. Il n’y a donc plus de controverse.
Tous ces éléments mis ensemble, donnent lieu à une nouvelle donne politique en RD Congo. Ainsi, considérant toute la cacophonie en son sein face à ce nouveau paysage politique, d’aucuns estiment que Lamuka qui prévoit un meeting populaire ce samedi 2 février, doit clarifier sa position. Les mêmes observateurs pensent que le rassemblement populaire de cette plateforme ce week-end, place Sainte Thérèse à N’Djili, en sera une occasion propice.
Grevisse KABREL