En toute logique, au 24 janvier 2019 – date de passation officielle du pouvoir entre les Présidents de la République entrant (Félix Tshisekedi) et sortant (Joseph Kabila), le Front commun pour le Congo (FCC) avait déjà un pied dans la Majorité et un autre dans l’Opposition.
C’est vrai qu’au travers de l’accord politique FCC-Cach dont on pourrait ne jamais connaître le contenu (vraisemblablement, c’est trop tard), une coalition avait été convenue pour la gouvernance institutionnelle. Telle que la situation a évolué, il est évident que de ces deux plateformes (Cach ayant pour autorité morale le premier et FCC ayant pour autorité morale le second), celle qui était politiquement et non juridiquement condamnée à basculer dans l’Opposition est celle du sénateur à vie.
Partant de cette réalité, le FCC – avec sa forte concentration de politiques et de juristes – se savait avoir le choix entre survivre ou mourir.
Mourir ne pose aucun problème. Une déclaration de Joseph Kabila faite par lui-même ou en son nom suffit pour consommer la disparition de cette famille politique. Il faut avouer que la crise économique et sociale persistant, ils sont légion au pays et à l’étranger, ceux qui souhaitent, à tort ou à raison, sa mise à mort. Survivre pose cependant un problème sérieux. Celui d’en déterminer le modus operandi avec le comment et le pourquoi. Le comment soulève la question de savoir si le Front commun pour le Congo a la capacité de se comporter en force de résistance se réclamant du Pouvoir ou en force d’opposition. Malheureusement, en politique, on ne peut pas être les deux à la fois. L’exemple grandeur nature est celui de Lamuka sous le tandem Fayulu-Muzito. En refusant de s’afficher Opposition sous prétexte d’être le Pouvoir sans en avoir pourtant l’imperium, Lamuka est en train de mourir.
Sa survie a un prix : soit se rapprocher de l’Union sacrée de la Nation, soit approcher le FCC. Il reste alors à la famille politique de Joseph Kabila de s’afficher Opposition.
Et de s’organiser en conséquence. Vient alors la question délicate « pourquoi ». Naturellement, primo pour agir en contre-pouvoir (dénoncer les dérapages à constater dans la gouvernance institutionnelle), secundo pour concrétiser la possibilité d’une alternance politique, tertio pour favoriser le renouvellement du personnel politique.
Bref, l’Opposition soumet le Pouvoir à la discipline dans la gestion de la Res publica.
Le FCC – dont la majorité des membres les plus influents sont aux côtés de Joseph Kabila les uns depuis une vingtaine d’années, les autres une quinzaine – ne peut bien fonctionner qu’en ayant ses deux pieds soit au Pouvoir, soit à l’Opposition.
C’est, du reste, ce que vient de faire Cach avec l’Union sacrée de la nation. Dans la reconfiguration opérée au travers de la requalification de la Majorité parlementaire, sa survie – à défaut de sa mort – le place comme contre-pouvoir. Qui peut le plus peut le moins, dit-on.
Dans cette optique, Joseph Kabila, qui a pu le plus avec la passation civilisée du pouvoir (alternance politique), ne peut pas ne pas faire le moins avec le basculement du FCC dans l’Opposition. Le tort de ses proches serait d’ériger le Fcc en une plateforme qui ne peut évoluer en politique qu’en étant aux affaires, une plateforme créée uniquement pour l’exercice du Pouvoir d’Etat et dont la dissolution se consomme, une fois exclu de l’animation des institutions de la République.
Avoir une centaine de députés nationaux à l’Assemblée nationale, c’est de loin mieux que n’en compter même pas une demi-dizaine !
La nature ayant horreur du vide, les Kabilistes se mordraient les doigts en ratant le rendez-vous avec l’Opposition.
Omer Nsongo Die Lema
La Prospérité