La météo socio-économique est vraiment nuageuse à Kinshasa. Depuis que le roi dollar a repris son droit de cité sur la devise nationale, le Franc congolais, les prix des biens de première nécessité ont pris l’ascenseur. Partout les ménagères ne font que pousser des cris de détresse. Au retour des marchés, ce sont des lamentations. Manger simplement devient un casse-tête pour plusieurs familles en RDC, car certains produits ont doublé voire triplé de prix. . C’est le cas par exemple de l’aubergine qui est passée de 50 FC la pièce à 250 FC, la tomate de 50 FC à 150 FC. Cette flambée des prix est constatée même dans les marchés des quartiers péri-urbains tels que Matadi Kibala, Kingasani ya Suka, Bibwa et que sais-je encore?
Concernant les surgelés et autres produits importés, la hausse est plus qu’extraordinaire. Alors que le gouvernement avait annoncé urbi et orbi, il y a quelque temps, la baisse du prix d’un carton de chinchard communément appelé « mpiodi » et celui des poulets, la situation sur le marché est tout à fait le contraire. Même les prix des produits locaux qui n’ont à rien à voir avec la devise américaine ont grimpé de manière inexpliquée.
Cette surchauffe des prix sur le marché est due principalement au fait que les Congolais vivent plus dans la dépendance vis-à-vis de l’extérieur. 90 % des biens consommés sont importés. Dans certains de ses rapports, la FAO a souvent stigmatisé le fait que la RDC, avec ses 80 millions de terres arables, qui aurait dû assurer la sécurité alimentaire de sa population et nourrir une grande partie de l’Afrique, dépense chaque année près d’1 milliard de dollars américains pour importer les biens de consommation au lieu d’investir cette enveloppe importante dans la production agricole. L’une des conséquences de cette situation est l’insécurité alimentaire dans laquelle vivent des Congolais dans certains coins du pays – même dans certains bas quartiers de Kinshasa – alors que la RDC est dotée de potentialités agricoles et halieutiques fabuleuses.
A cette instabilité alimentaire, s’ajoute la kyrielle d’embouteillages à laquelle font face de très nombreux automobilistes et piétons qui empruntent les routes de la capitale. Le matin et le soir tout comme la journée, les embouteillages sont toujours monstres provoquant des stresses indescriptibles. Au lieu de chercher à mettre de l’ordre sur les routes, les éléments de la Police nationale congolaise chargés de la circulation routière en rajoutent plus avec des tracasseries de tous genres plusieurs fois décriés par la population.
Dans le même registre, il sied de stigmatiser l’incivisme des chauffeurs de bus, des taximen et des motocyclistes qui fixent les tarifs de leurs courses au gré de leur bon vouloir sans aucun respect des instructions de l’Hôtel de ville de Kinshasa. Il est aussi à déplorer le système des demi-terrains instaurés dans le seul but de malmener la population.
Dans le domaine de la protection civile, il est fait état de plus en plus des cas d’enlèvement des personnes par des hommes en armes sans oublier la montée en flèche du banditisme urbain causé par des jeunes gens drogués appelés communément « shegué » qui n’ont aucun respect envers la vie humaine. Ils violent, pillent et tuent sans être inquiétés le moins du monde quelques fois avec la complicité de ceux qui sont sensés les réprimer.
Comme si ce tableau sombre ne suffisait pas, le gouvernement lui-même vient jouer sa mauvaise partition en ne versant pas les salaires du mois de mars de la plupart des agents et fonctionnaires de l’Etat qui constituent une proportion importante de la population congolaise. Cette situation vient exacerber leurs frustrations surtout qu’elle survient au moment de la surchauffe des prix de biens de première nécessité sur le marché.
Muke MUKE
Forum des as