Le site internet du Figaro révèle ce jeudi les échanges tenus entre Nicolas Sarkozy et les magistrats au cours de sa longue garde à vue.
Nicolas Sarkozy, mis en examen dans l’enquête sur les soupçons de financement libyen de sa campagne électorale de 2007, a estimé qu’il vivait « l’enfer de la calomnie » depuis 2011, selon sa longue déclaration aux magistrats, publiée jeudi sur le site internet du Figaro. « Pendant les 24 heures de ma garde à vue, j’ai essayé avec toute la force de conviction qui est la mienne de montrer que les indices graves et concordants qui sont la condition de la mise en examen n’existaient pas compte tenu de la fragilité du document ayant fait l’objet d’une enquête judiciaire et compte tenu des caractéristiques hautement suspectes et du passé lourdement chargé de (l’intermédiaire franco-libanais) M. Takieddine », a déclaré l’ancien président de la République, en demandant à être placé sous le statut de témoin assisté.
M. Sarkozy a été mis en examen mercredi soir pour « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale » et « recel de fonds publics libyens », selon une source judiciaire. « Je suis accusé sans aucune preuve matérielle par les déclarations de M. Kadhafi, de son fils, de son neveu, de son cousin, de son porte-parole, de son ancien premier ministre et par les déclarations de M. Takieddine dont il est avéré à de multiples reprises qu’il a touché de l’argent de l’État libyen », assure M. Sarkozy.
Une « manipulation de Kadhafi ou de sa bande » ?
« À propos de M. Takieddine, je voudrais vous rappeler qu’il ne justifie durant cette période 2005-2011 d’aucun rendez-vous avec moi », ajoute l’ancien président de la République. « Les faits dont on me suspecte sont graves, j’en ai conscience. Mais si comme je ne cesse de le proclamer avec la plus totale constance et la plus grande énergie, si c’est une manipulation du dictateur Kadhafi ou de sa bande, ou de de ses affidés, dont Takieddine fait à l’évidence partie, alors je demande aux magistrats que vous êtes de mesurer la profondeur, la gravité, la violence de l’injustice qui me serait faite », a également déclaré l’ancien président.
« Depuis le 11 mars 2011, je vis l’enfer de cette calomnie ». « Je vous demande avec toute la force de mon indignation de retenir des indices et non pas des indices graves et concordants », a plaidé M. Sarkozy. La mise en examen de l’ancien président, 63 ans, dans le dossier libyen marque un formidable coup d’accélérateur dans cette affaire instruite par des magistrats du pôle financier depuis près de cinq ans.
Paris Match avec AFP