La cote de popularité du président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a connu une « chute vertigineuse » trois ans après son arrivée au pouvoir en République démocratique du Congo (RDC), selon un rapport d’experts publié jeudi. Intitulé « l’an 3 de Tshisekedi. La fin de l’embellie? », ce rapport-sondage a été réalisé en décembre par le Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci), avec le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’université de New York, et Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC.
« L’état de grâce aura duré trois ans pour Félix Tshisekedi (…) Seuls 29% des Congolais interrogés en décembre 2021 affirment avoir une bonne opinion » du chef de l’État contre 54% en mars 2021.
« Cette déception se propage également envers presque toutes les institutions du pays » notamment le gouvernement et les deux chambres du Parlement.
En effet, « plus de 65% des sondés estiment que le contrôle du gouvernement par les députés nationaux n’est +pas du tout efficace+ ou +inexistant+. Cette tendance remet en question la capacité de la chambre basse à jouer pleinement son rôle de contrepoids du pouvoir exécutif », souligne Joshua Walker, directeur de programme du GEC.
Ancien opposant, M. Tshisekedi a succédé à Joseph Kabila Kabange (2001-2019) à la tête de la RDC en janvier 2019.
Le rapport indique par ailleurs que les choix sécuritaires controversés des autorités continuent d’être mal perçus par les populations.
Depuis fin novembre, l’armée ougandaise mène des opérations conjointe avec les militaires congolais pour combattre les groupes armés, notamment les rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) au Nord-Kivu et en Ituri, deux provinces placées en état de siège depuis mai.
Selon ce rapport d’expert, « l’état de siège est de moins en moins soutenu » et « seuls 36% des personnes interrogées [estimaient] en décembre dernier que l’état de siège conduira à l’éradication totale des groupes armés, alors qu’ils étaient 53% trois mois plus tôt ».
Dans le Nord-Kivu, province la plus touchée depuis 2014 par les exactions des ADF, groupe d’origine ougandaise – mais en proie à des violences depuis plusieurs décennies -, « 64% des personnes interrogées sont hostiles à la présence militaire ougandaise », selon ce rapport.
Le rejet est encore plus prononcé au sujet de « la mutualisation des forces policières entre la RDC et le Rwanda, annoncée par la signature d’un mémorandum le 14 décembre 2021: 69% des personnes interrogées la désapprouvent ».
La libre Afrique