« La gratuité de l’enseignement se comporte très, très bien et chemine très bien. Nous n’avons pas beaucoup de problèmes », affirme Willy Bakonga, ministre sortant de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), invité du Magazine FACE-À-FACE spécial bilan du gouvernement Ilunkamba.
Cependant, reconnaît-il, « il y a, c’est vrai, beaucoup d’embûches, beaucoup de défis mais nous sommes en train d’y travailler ».
Gratuité, réforme planifiée
Par ailleurs, le ministre de l’EPST a tout de suite, tenu à signifier que cette importante réforme du secteur de l’éducation n’a pas été menée sur un coup de tête.
« Il y a des gens qui disent que la gratuité de l’enseignement avec le Président Tshisekedi n’a pas été suffisamment préparée. C’est faux, je le dis. Il y avait une table ronde au mois d’août 2019 qui avait tablé sur la question et des propositions profondes qui ont été faites. Elles ont notamment parlé de 2,4 milliards de dollars par an, comme prix à payer pour mettre en œuvre cette gratuité », note-t-il pour démontrer qu’il y a une planification.
« C’est vrai qu’on n’a pas ces moyens mais la détermination et la volonté clairement exprimée par le président de la république a changé beaucoup de chose. Aujourd’hui, nous sommes à la 2ème année de la gratuité (même si), on n’a pas eu à mobiliser 2,4 milliards dollars », pointe Willy Bakonga.
Imaginer des financements innovants
« Nous avons besoin, à côté de 2,4 milliards de dollars que nous devons mobiliser pour mener à bon port cette réforme, (imaginer) la possibilité des financements innovants puisque avec notre budget propre, nous ne sommes pas capables de financer la gratuité », indique le ministre de l’EPST.
« Nous devons collectivement prendre conscience et contribuer à l’effectivité de cette gratuité. Il n’y a pas d’un côté des acteurs et de l’autre des spectateurs, qui regardent, sifflent quand ça va ou ça ne va pas. Quelque soit la manière, nous devons tous contribuer à la mise en œuvre de la gratuité qui a permis à des millions d’enfants ( 4 millions en 2019 et 3 millions en 2020) de reprendre le chemin de l’école, surtout les enfants les plus démunis », souligne-t-il.
Financement de la gratuité
Au sujet de la question du financement de la gratuité, Willy Bakonga évoque un chiffre très en deçà des attentes annuelles.
« À ce stade, nous avons presque 35 millions de dollars déjà mobilisés surtout pour la paie des enseignants (et ce) en dehors de ce qui était payé avant. Nous n’avons pas eu beaucoup d’argent en dehors de la paie des enseignants », confie-t-il.
« Jusqu’en septembre 2019, nous avions 408 000 enseignants mais à partir de la mise en branle de la gratuité, nous sommes passés de 408 000 enseignants à 608 550 enseignants. C’est un grand défi. Nous avons 90 000 écoles, 25 millions d’élèves qui vont à l’école. Il y a augmentation exponentielle du volume de travail pour les bureaux gestionnaires, si bien qu’on passe de 4 à 10 agents. Ce qui veut dire que l’enveloppe globale de la gratuité est vraiment impressionnante », énumère Willy Bakonga sans dire combien tout cela a coûte au final.
La gratuité est non-négociable.
« La décision de la gratuité concerne toutes les écoles. Elle est non-négociable. Elle est appliquée dans toutes les écoles primaires même les écoles catholiques », assure le ministre de l’EPST en réponse à la question sur le « retour assumé » de la prise en charge des enseignants dans les écoles conventionnées catholique.
Et d’affirmer : « le cardinal Ambongo n’a jamais dit que les écoles primaires (catholiques) doivent faire payer quelque chose aux parents. Je lui ai fait comprendre que la gratuité de l’enseignement ne connait aucune entrave. Il n’y a aucune école qui devrait bénéficier d’un traitement spécial », tranche Willy Bakonga, qui insiste : « tout à été supprimé ».
Éric Lukoki