Ils étaient sept à la création de Lamuka à Genève en octobre 2018. Réduits rapidement à cinq après le retrait des signatures de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, les cinq survivants sont partis à l’assaut des postes mis en jeu à l’occasion des élections générales du 30 décembre 2018. On en connaît les résultats.
Les partis proches de Moïse Katumbi ont fait bonne figure, ceux proches de Jean-Pierre Bemba ont fait de même. Bénéficiant de larges moyens de pression (radios, télévisions et journaux occidentaux) financés par les soutiens de la rencontre de Genève, ce dernier a mis sur pied une stratégie de confiscation du label Lamuka, sous couvert du combat pour la vérité des urnes, dont la finalité était d’assurer sa seule visibilité au détriment des vrais poids lourds de la coalition.
Après l’avoir suivi aveuglément pendant de nombreux mois, les autres fondateurs de Lamuka ont fini par comprendre le jeu et l’enjeu. Le jeu, c’est de continuer à capter seul l’attention des supporters des différents partis ayant soutenu le candidat Lamuka à la présidentielle de 2018. Et l’enjeu, c’est de s’imposer déjà comme le candidat de la même plateforme pour la présidentielle de 2023.
Bemba et Katumbi ont finalement ouvert les yeux et décidé, chacun de son côté, de se concentrer sur les activités de leurs propres formations politiques.
Ce réveil a contrarié les calculs du duo Fayulu-Muzito qui a décidé, le 26 février 2021, de faire le ménage. Il a annoncé qu’il va désormais piloter seul ce qui reste de la coalition Lamuka, « après avoir constaté une auto exclusion de Katumbi et Bemba du fait de leur appartenance à l’Union Sacrée ».
Par cette décision, Fayulu et Muzito ont en réalité consacré la mort de Lamuka qui vient ainsi de perdre tout repère sur le plan national.
A Genève, la coalition mise sur pied avait un encrage à l’Est, à l’Ouest, au Nord, au Centre et au Sud du pays. Celle que tente de réanimer Fayulu et Muzito ne concerne plus qu’une fraction infime de nos provinces.
Bien plus, en se débarrassant de Bemba et Katumbi comme des fœtus, sans la moindre considération, Muzito et Fayulu se sont eux-mêmes faits hara-kiri car pour parler de l’avenir, les deux hommes devraient s’interroger sur la réaction du public qui suit ces deux leaders. Va-t-il les suivre eux, ou écouter leurs dirigeants naturels ? Ils devraient surtout se poser des questions sur ce que l’opinion nationale pense d’eux.
Oui, les Congolais n’ont pas oublié que Muzito par exemple a été leur Premier Ministre, après avoir été le tout-puissant ministre du Budget d’Antoine Gizenga. Ils se rappellent l’avoir vu descendre en fanfare à Goma et y avouer son impuissance face à une armée qui ne savait pas marquer des points sur le terrain parce que minée par des détournements des vivres, des primes des militaires et des armes. Il avait promis des solutions qui ne sont jamais arrivées et a quitté la Primature en laissant la question de l’insécurité à l’Est pleine et entière. Alors, l’entendre aujourd’hui donner des leçons à ses successeurs fait sourire et donne à penser que les politiciens congolais n’ont aucun respect pour leurs compatriotes qu’ils considèrent comme manquant de mémoire.
Non. Les Congolais n’ont rien oublié. Ils ont vu leur pays bénéficier de l’effacement de ses dettes, avec l’atteinte du PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) en 2019, mais sans que cela bénéficie au peuple. Bien au contraire, ceux qui étaient au pouvoir ont continué à acquérir des richesses pendant que le pays allait à vau l’eau.
Le peuple a de la mémoire. Il sait qui a effectivement fait quoi dans la marche chaotique du pays et se chargera de le rappeler le moment venu.
En attendant, un seul constat : après le limogeage cavalier de Bemba et Katumbi, en écho des départs déjà actés de Mbusa Nyamwisi et Freddy Matungulu, Lamuka est définitivement mort. Oui, bien mort.
Joël Imbole
Bosolo