Kinshasa n’est pas surpris par ce énième cessez-le-feu violé. Pour le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, la RDC s’est résolument inscrite dans la droite ligne du processus de Luanda qui contraint le M23 à arrêter d’attaquer les positions des FARDC, à se retirer au Mont Sabigno, à se cantonner, à se démobiliser avant une réinsertion sociale dans la communauté. C’est dire que Paul Kagame peut continuer de rêver, parce qu’il n’y aura aucun dialogue avec ces hors-la-loi qui tuent, violent et pillent les richesses de la RDC. Patrick Muyaya, s’exprimait hier mardi 7 mars, lors du briefing avec la presse, consacré à l’évaluation des gains de la visite du président français, Emmanuel Macron, dans la capitale congolaise.
Le ministre de la Communication et Médias a dit toute sa satisfaction de voir le Président de la République, Félix Tshisekedi, rester égal à lui-même. Le Chef de l’Etat a porté la voix ferme du pays, à la grande satisfaction de ses compatriotes et aussi de certains Africains.
Selon Muyaya, le chronogramme de la visite d’Emmanuel Macron comportait beaucoup de matières, bien que recentré sur la sécurité et la diplomatie.
« Le point de presse a montré qu’on pouvait discuter d’égal à égal de manière décomplexée « , s’est réjoui Patrick Muyaya. Il y a eu des discussions sur des questions économiques avec une présence remarquable de deux commissaires européens. Ce forum a conclu à la nécessité de reprendre la souveraineté sur nos matières premières. Il ne s’est pas agi que du numérique, des ponts, mais aussi les villes durables, notamment à travers la gestion des déchets. Le concept développé s’appelle » Quick win.
Il y avait également des aspects culturels, par ce que le président Macron avait dans sa suite la ministre de la Culture. Il y a aussi cette visite chez le Dr Muyembe, un clin d’œil à l’intelligence congolaise.
PARTAGE DE RESPONSABILITE
Selon le ministre de la Communication et Médias, à l’analyse du discours de Macron et la réplique du président Félix Tshisekedi, il se dégage que la France est membre du Conseil de sécurité de l’ONU et, à ce titre, a un pouvoir réel. Le président français savait qu’il venait sur un terrain hostile, selon Patrick Muyaya : » Nous voulions un engagement clair , même si Macron a évoqué la nécessité de faire parler des historiens. Nous avons des éléments qui nous permettent de dire que la France a sa part de responsabilité « , estime le ministre Muyaya. Car souligne-t-il, le conflit en RDC est international et consécutif à la situation du génocide au Rwanda. Il y a un besoin que ce drame s’arrête, a martelé Muyaya.
A la question de savoir si le ministre Muyaya est satisfait des réponses du président Macron, le porte-parole du Gouvernement est formel : « Nous ne pouvons pas nous satisfaire. Le président de la République a dit que nous attendons la fin de la guerre. Nous ne pouvons pas nous satisfaire lorsque vous avez une population qui est en errance. Il y a la diplomatie qui agit. La question de la RDC a bénéficié d’une grande visibilité, notamment avec la visite du Pape François à Kinshasa. Il faut considérer qu’avec la visite du président Emmanuel Macron, nous avons ouvert une autre fenêtre qui va aboutir à la paix dans la partie Est de notre pays « , estime le ministre Muyaya.
S’exprimant sur le cessez-le-feu, annoncé mardi 7 mars par les rebelles du M23, le ministre de la Communication et Médias fait savoir que » ce n’est pour la première fois qu’on parle d’un cessez-le-feu » du reste déjà violé sur le terrain, signale-t-on.
Sans trop vouloir s’avancer sur la question, il dit » c’est une raison de plus pour les autorités congolaises de ne pas croire à l’annonce faite dans un contexte particulier. Le gouvernement reste dubitatif, il n’est pas pressé de donner sa position sur cette situation. Le président de la République avait dit qu’il attendait voir. L’Exécutif attend juger de la bonne foi des uns et des autres. » Pour nous le cessez-le-feu doit rimer avec désarmement et démobilisation « , souligne Patrick Muyaya.
Le porte-parole du Gouvernement souligne le fait que la visite du Président Macron à Kinshasa ne doit pas se résumer à la seule conférence de presse commune. Car, fait-il observer, plusieurs accords de partenariat ont été signés entre les deux pays.
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Le M23 viole le dernier cessez-le-feu
Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) accusent le M23 d’avoir violé le dernier cessez-le-feu prévu ce 7 mars.
L’Armée a affirmé dans un communiqué que les combats « sont en cours » entre elle et le M23, censé appliquer un cessez-le-feu à partir d’hier mardi à 12H00.
Selon l’armée, le M23 a attaqué plusieurs positions des FARDC où les tensions s’intensifient depuis plusieurs mois, alors que ces combats « sont en cours » jusqu’à la publication du communiqué.
Ce n’est pas tout. Les FARDC accusent les rebelles du M23 d’avoir mené le 6 mars des tirs de longue portée ayant fait trois morts et six blessés à Mubambiro dans la cité de Sake, à 27 km de Goma.
Après plusieurs cessez-le-feu avortés, le 3 mars 2023 à Luanda, la présidence angolaise, désignée par l’Union africaine médiatrice dans cette crise, avait annoncé ce nouveau cessez-le-feu à partir d’hier mardi à midi où le M23 devrait arrêter toutes les activités militaires.
Mais malgré sa progression sur le terrain, le M23 avait affirmé plus tôt dans la journée, dans un communiqué « un cessez-le-feu effectif » à 12H00, afin « d’ouvrir la voie au dialogue direct avec le gouvernement de Kinshasa ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé lundi le M23 à respecter ce dernier cessez-le-feu, afin de créer les conditions nécessaires à son retrait total et effectif de toutes les zones occupées dans l’Est du pays.
Didier KEBONGO
Forum des as