Alors que les consultations politiques en vue de la formation du gouvernement de l’Union sacrée de la Nation ont été clôturées depuis le 1er mars, la sortie de l’équipe Sama Lukonde se fait attendre un mois après. Au-delà des spéculations sur le retard, il s’avère que plusieurs pesanteurs ont miné la publication de l’équipe gouvernementale devant remplacer celle déchue de Sylvestre Ilunga Ilunkamba. De la quête acharnée des postes ministériels des acteurs de l’Union sacrée de la Nation à la représentativité des femmes, en passant par le critère de solidarité pour que certaines couches sociales, les personnes vivant avec handicap et les jeunes, soient représentées au sein du nouveau gouvernement, sont autant de paramètres à gérer pour baliser le terrain à la sortie sans doute imminente du nouvel Exécutif national. La surprise avec la sortie de l’équipe Sama Lukonde est que beaucoup ont été appelés, mais seulement peu pourront être élus au sein de cette équipe dite de « Warriors » pour des raisons, notamment, de réduction du train de vie des institutions de la République.
L’ordonnance du président de la République nommant les membres du gouvernement de l’Union sacrée de la Nation (USN) est plus qu’attendue par toute la nation congolaise et même par la communauté internationale. Un mois entier s’est déjà écoulé depuis la fin des consultations initiées par le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, en vue de la formation de son équipe gouvernementale. Depuis, chaque jour qui passe est compté par les observateurs. Les Congolais sont s’impatients, ils veulent vite de voir de quelles personnalités sera composé ce deuxième Exécutif national de la première mandature de Félix Tshisekedi.
Alors que les spéculations vont dans tous les sens pour expliquer le retard pris dans la publication de la nouvelle équipe gouvernementale devant remplacer celle de Sylvestre Ilunga Ilunkamba déchue, il y a lieu de se poser de bonnes questions pour comprendre ce temps que prend la sortie de l’équipe Sama Lukonde.
L’appel lancé, le 6 décembre 2020, par le Chef de l’État pour une Union sacrée de la Nation, après l’échec de la coalition FCC-CACH, a été positivement accueillie au sein de la classe politique. Au point qu’à ce jour, l’USN a permis de reconfigurer toute la haute structure politique du pays tant au niveau de deux Chambres du Parlement qu’au niveau de l’Exécutif national avec la déchéance du gouvernement de Sylvestre Ilunga Ilunkamba et l’avènement de Sama Lukonde.
Une coalition de 391 députés pour moins de 50 sièges
À ce jour, l’USN revendique 391 députés, au niveau de l’Assemblée nationale, répartis à travers 26 regroupements politiques. Le problème, c’est qu’avec cette large coalition politique, il faut composer un gouvernement de taille réduite, de moins de 50 membres plus exactement. Ici, l’objectif, tant du Chef de l’État que du Premier ministre, est de réduire le train de vie des institutions de la République, en commençant par l’Exécutif national.
Dès lors, la réduction de la taille du gouvernement est un impératif auquel le pays ne peut pas déroger en ce moment de crise économique due à la pandémie de Covid-19. Autant dire qu’à la publication de l’ordonnance de nomination des membres du gouvernement de l’Union sacrée de la Nation, on sera vraisemblablement dans une situation où il y aura eu beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.
Certaines officines politiques distillent déjà dans les médias que dès la publication du gouvernement Sama Lukonde, l’USN va éclater. En fait, ceux qui ne seront pas retenus dans ce gouvernement dit des « guerriers » projettent de cracher du venin sur l’initiateur de l’Union sacrée de la Nation et même sur le chef du gouvernement. Une attitude à condamner parce que les temps sont révolus de se constituer un gouvernement éléphantesque alors que les défis socioéconomiques de la RDC imposent une cure d’amaigrissement dans toutes les institutions de la République. Et donc, les réglages par rapport aux demandes de postes ministériels et les impératifs d’un gouvernement réduit ont impacté sur le retard dans la sortie de la nouvelle équipe de l’Exécutif national.
Une autre raison du retard de la sortie du gouvernement enregistré jusqu’ici est par rapport au critérium de la représentativité des femmes. Il faut se le dire, les candidats ministrables proviennent des regroupements et partis politiques. Il appartient donc à ceux-ci de proposer suffisamment de candidatures de la gent féminine pour que le quota requis d’au moins 30% soit atteint. Ce qui n’a pas été le cas jusqu’à peu, occasionnant logiquement le retard.
La Société civile a aussi voix au chapitre
Il est important que les regroupements et partis politiques comprennent que la solidarité nationale impose que le gouvernement de l’Union sacrée de la Nation soit composé non seulement des acteurs politiques, mais aussi des forces vives de la Société civile. Sachant l’impératif de constituer un gouvernement de moins de 50 membres, tant que les acteurs politiques ne comprennent pas que pour que le nouvel Exécutif ait un caractère de représentativité nationale, il faut impérativement que les acteurs de la Société civile, notamment les couches dites « défavorisées », à savoir les personnes vivant avec handicap et les jeunes en fassent partie. Les arbitrages à ce niveau sont aussi à la base du temps pris dans la publication du gouvernement de l’USN.
Bien d’autres pesanteurs ont tiré en longueur la sortie du gouvernement Sama Lukonde. Il se révèle que des ministres membres du CACH pensent qu’ils doivent naturellement être reconduits dans le nouveau gouvernement, étant donné qu’ils sont restés fidèles au Chef de l’État. C’est autant de paramètres qui tirent en longueur la sortie du gouvernement de l’Union sacrée de la Nation que tous les Congolais attendent pour remettre le pays sur les rails du développement et de l’émergence. Quoiqu’il en soit, alors que la sortie du gouvernement est imminente, la RDC n’a plus droit à l’erreur. Le pays tourne en rond depuis des décennies. Il est temps de tourner la page de vielles habitudes rétrogrades du genre gouvernement de 67 membres.
À tout prendre, il apparaît que pour lever tous ces obstacles, il a fallu du temps et du travail acharné du chef du gouvernement, avec toutes les parties prenantes en tenant compte des sensibilités et des exigences fermes des uns et des autres, pour tordre le cou aux mauvaises habitudes des politiciens congolais.
Selon des informations, le Premier ministre Sama Lukonde s’y est engagé à fond sous la houlette du Chef de l’État. La sortie du gouvernement est indubitablement imminente. Toutefois, le challenge de la sortie de ce gouvernement, formé dans un contexte inédit dicté par des contraintes aussi complexes, reste qu’il redonne de l’espoir aux Congolais et qu’il apporte un souffle nouveau face aux défis qui se posent à la RDC.
Le Potentiel