Les Etats-Unis, l’Union européenne et l’Eglise catholique soutiennent l’enquête indépendante de la justice et dénoncent la répression des manifestations qui ont causé plusieurs blessés, alors que l’Opposition a maintenu son sit-in jeudi 25 mai devant le siège de la Centrale électorale.
«Les Etats-Unis sont préoccupés par les indications d’un usage disproportionné de la force par les forces de sécurité en réponse aux manifestations à Kinshasa le samedi 20 mai, y compris l’agression d’un mineur», lit-on dans un communiqué de l’Ambassade des Etats-Unis à Kinshasa, distribué aux médias hier lundi 22 mai.
Le document poursuit : «L’engagement des Etats-Unis en faveur du droit de se réunir, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse est inébranlable ; ces droits sont le fondement d’une démocratie saine. Nous soutenons le droit du peuple congolais à manifester pacifiquement pour exprimer ses préoccupations et ses aspirations. Nous soulignons l’importance d’exercer ces droits de manière pacifique», indique le communiqué.
Washington salue, à cet effet, «l’engagement rapide du gouvernement congolais à identifier et à détenir les agents de sécurité, responsables d’un usage disproportionné de la force. »
L’UE pour une enquête indépendante
L’Union Européenne ne dit pas autre chose non plus par rapport aux événements malheureux du samedi 20 mai. «L’Union européenne condamne la répression violente d’une manifestation de l’opposition le 20 mai à Kinshasa et l’usage disproportionné de la force à l’encontre des manifestants, y compris des mineurs», écrit la porte-parole du service diplomatique de l’UE, Nabila Massrali.
L’UE espère que l’enquête indépendante de la justice, demandée par le ministre des Droits humains de la RDC, permettra de faire la lumière sur les circonstances et d’établir les responsabilités sur les violations constatées.
Pour l’Union européenne, «le respect des libertés publiques, y inclus la liberté de réunion et d’association, est essentiel et constitue un élément déterminant du déroulement d’un scrutin apaisé».
Ce n’est pas tout. «Un espace d’expression et de débat sans entrave est indispensable pour permettre aux citoyens de se prononcer librement en vue des élections», insiste-t-elle.
« sanctionner les incompetents »
S’exprimant sur le sujet hier au cours d’une conférence de presse, la CENCO a, pour sa part, exhorté le peuple congolais «de ne pas céder à la peur face à la barbarie organisée pour l’intimider. Si rien n’est fait pour garantir ses droits fondamentaux, il devra bientôt exercer son pouvoir pour sanctionner tous les incompétents».
« Les dirigeants congolais ne tirent malheureusement pas les leçons de l’histoire. Car, la réprobation des USA, l’UE et la CENCO, rappelle ces types de déclaration que les chancelleries occidentales et les évêques faisaient sous le régime Kabila. Ce qui signifie très clairement, pour le Président Tshisekedi que l’état de grâce est fini« , lâche un opposant, sous couvert d’anonymat.
« Autrement dit, le pouvoir Tshisekedi, s’il ne se ressaisit pas, risque de connaître le même sort que les pouvoirs précédents. Le pouvoir a reproduit le samedi, ce que les Congolais ont vécu sous Kabila et un peu plus loin, sous Mobutu« , renchérit cet acteur politique.
Pour nombre d’observateurs, cette vague de désapprobation est un coup de semonce à l’encontre du Pouvoir. Le Chef de l’Etat devrait questionner l’histoire, parce que c’est de cette manière-là que ça commence. L’Occident qui jusque-là l’observait, commence maintenant à le titiller avec ce qui s’est passé samedi.
Si à l’intérieur, l’Eglise catholique, avec l’Eglise protestante, est la seule confession religieuse à être dans tout le pays, dans ce contexte quasi électoral, le message de l’Eglise catholique n’est pas bon pour le pouvoir. Tout comme il ne l’était pas pour le pouvoir Kabila.
Et à l’international, c’est l’Occident. Ce que dit Washington du le sera pour l’Union européenne, et pourra constituer plus globalement la position de tous les pays occidentaux qui se contredisent rarement à ce niveau.
Didier KEBONGO
Forum des as