24 avril 2016-24 avril 2018, cela fait, en effet, deux ans depuis que Papa Wemba, le « Kuru yaka », a quitté la terre des hommes. Artiste patenté de la musique congolaise, Jules Shungu Wembadio, de son vrai nom, a véritablement laissé des traces indélébiles non seulement dans les cœurs de ses proches mais aussi, dans ceux des amoureux de la rumba congolaise.
Voilà pourquoi, malgré les deux années qui se sont écoulées après sa regrettable disparition à Abidjan, loin du sol de ses aïeux, les différents mélomanes approchés par le journal La Prospérité, ce week-end à Kinshasa, n’ont cessé d’évoquer la bravoure, la magnanimité et la sagacité musicales de ce que fut Papa Wemba, lorsqu’il avait encore ses deux pieds sur terre. Pour ces derniers, l’acteur du film « La vie est belle » n’était pas un simple un chanteur mais aussi, un fin innovateur, déceleur des talents. Bref, « le faiseur des stars ». Figure emblématique dans la formation de l’imaginaire et de l’identité collective de la jeunesse congolaise.
Telle était en quelques sortes, la nature du vieux « Bokul », selon certains kinois. Car, la bonne musique dont il faisait montre dans toutes ses compositions artistiques ont contribué, sans nul doute, dans la prise de conscience et surtout, l’autonomisation de plusieurs jeunes. C’est dans cette optique qu’on lui a assigné la qualité de « Formidoles », [formateur des idoles et des stars de la musique africaine, ndlr].
Déjà, en 1975, de concert avec Evoloko, Bozi Boziana et Mavuela, Jules Shungu Pene Kikumba a créé son propre groupe musical, à savoir : ISIFI Lokole (comprenez, Institut du Savoir Idéologique pour la Formation des Idoles) qui, du reste, avait pour objectif, de recruter et former les jeunes aux fins de les rendre des stars. Soucieux de parachever d’une manière idoine l’objectif qu’il s’était assigné alors qu’ISIFI Lokole commençait à tituber, le vieux M’zee fonda ainsi, en 1977, « Viva la Musica », le label sous lequel il évoluera jusqu’à son passage au trépas, comme « Fula Ngenge », c’est-à-dire, « Faiseur des stars ».
Pour preuve, les grands noms, tels que Koffi Olomide, King Kester Emeneya, Djuna Djanana ou le célèbre guitariste Rigaud Star sont, tous, sortis de sa gibecière. Sa musique et toutes ses prouesses feront de lui, la vraie star africaine qui, faut-il le souligner, a réussi idéologiquement à relier les deux rives du fleuve Congo avec des jeunes qui lui faisaient tout un culte, non pas simplement par sa voix mais aussi, par son accoutrement en guise duquel tout le monde le couronna « Roi de la Sape », la Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes.
Il sied de noter, par ailleurs, que Papa Wemba a battu, au cœur de la ville de Kinshasa, toute une municipalité africaine régie par ses propres règles et codes. Il s’agit évidemment, du village « MOLOKAI » qui est, d’ailleurs, l’assemblage des avenues Masimanimba, Oshwe, Lokolama, Kanda-kanda et India, toutes situées au quartier Matonge, dans la commune de Kalamu, où il a passé sa jeunesse.
Dans la foulée de ses dernières lignes, il faut noter qu’un festival est organisé, du 21 avril dernier au 28 avril 2018, dans ce coin de la capitale, pour honorer sa mémoire.
La Prospérité