Kinshasa apprécie moyennement, doux euphémisme, les mouvements diplomatiques qui ont repris autour du scrutin que la RDC doit organiser le 23 décembre prochain.
Et le ministère congolais des Affaires étrangères et de l’intégration régionale s’est senti obligé de sortir, ce mercredi 12 septembre, un « communiqué de mise au point ».
Une appelation particulièrement « originale » pour une démarche qui ne l’est pas moins et qui démontre que le pouvoir en place en RDC se sent gêné aux entournures depuis quelques jours.
Et pour cause, depuis le 8 août et l’annonce de la non candidature de Joseph Kabila pour un troisième mandat, la tension qu’exerçaient les pays de la sous-région et les partenaires bilatéraux étaient largement retombée.
Un apparent retour au calme vécu comme un chèque en blanc par le pouvoir kabiliste, soudainement suffisamment confiant pour refuser de manière cavalière la venue de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, pour invalider les candidats à la présidentielle qu’il ne voulait pas voir sur la ligne de départ ou pour marteler à qui veut l’entendre que la RDC refuse toute aide pour l’organisation de SES élections.
Il est vrai que les pays voisins, comme les partenaires multi ou bilatéraux ont pris le temps de souffler après le pic de tension du début du mois d’août.
Un relâchement passager
Aujourd’hui, un peu plus d’un mois après cette annonce et l’apparition de Emmanuel Shadary Ramazani dans la course à la présidentielle, la plupart des partenaires de la RDC ont repris leur désormais habituelle litanie sur la nécessité évidente pour le pouvoir de respecter l’Accord de la Saint-Sylvestre, d’organiser des élections inclusives et pour remettre en cause à la fois la « machine à voter » et la qualité du fichier électoral.
Parallèlement au retour de ces recommandations, l’opposition politique congolaise démontre qu’elle reste toujours solidaire, tandis que les évêques de la Cenco ont repris leur chemin de croix pour faire entendre leur position.
Le président zambien, M. Lungu, a été le premier à les recevoir. Il a pris clairement position en faveur du respect strict de l’Accord de la Saint-Sylvestre et a déjà annoncé, connaissant par coeur la dialectique de son grand voisin, que sa prise de position n’était en rien une forme d’ingérence. Le président Lungu, selon les médias zambiens, est même allé plus loin en expliquant qu’il refusait qu’on l’accuse d’ingérence pour mieux se permettre de manipuler le scrutin. Pas de quoi faire baisser la tension entre Kinshasa et Lusaka.
Une positon d’une rare fermeté qui a, notamment, poussé le ministère des Affaires étrangères à sortir ce « communiqué de mise au point » qui apparaît comme une réponse maladroite et mensongère quand il prétend que « le processus électoral en cours se déroule conformément à la Constitution de la RDC ainsi qu’à l’Accord politque global du 31 décembre 2016… »
La suite du communiqué fait référence aux « obligations découlant du droit international », « à la convention de Vienne » et se poursuit en invoquant « l’agitation injustifiable de certains gouvernements des pays voisins » avant de revenir sur l’argument de l’ingérence et du grand complot international visant à saper l’indépendance du peuple congolais. Une panoplie d’arguments éculés s’incrivant dans la droite ligne de la rhétorique nord-coréenne
Le pouvoir en place à Kinshasa a définitivement compris que la partie était loin d’être gagnée d’avance.
La libre Afrique