Le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, est le gros poids lourd parmi les hommes politiques de la République Démocratique du Congo. Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et médias, porte-parole du gouvernement, l’a déclaré samedi au cours d’une interview exclusive à la Radio télévision nationale congolaise (RTNC).
« Depuis 2013, a-t-il rappelé, nous n’avons cessé de dire que le Président Joseph Kabila respecterait la constitution. Les hommes politiques congolais ont fait la sueur froide par la peur de voir ce gros poids lourd briguer un autre mandat présidentiel et on a pris partie pour qu’il ne soit pas candidat ».
Et le ministre Mende de se demander : « Pourquoi Kabila seul doit respecter la loi et pas les autres ? ». Pour le ministre de la Communication et médias, il n’y a pas inclusivité en dehors de la constitution. « Pourquoi seul Joseph Kabila doit respecter la constitution ? Nous parlons inclusivité dans le respect de la loi, des normes légales. Il n’y a pas inclusivité en dehors de la constitution parce que inclusivité n’est pas synonyme d’inconstitutionnalité ou d’illégalité ».
Il a souligné que la loi est dure mais c’est la loi. Elle doit être appliquée dans toute sa rigueur à toute personne et ne pas être tolérée en double standard. « C’est au nom de la loi que le Président de la République Joseph Kabila Kabange a décidé, pour respecter la constitution, de ne pas se représenter alors que, vu son âge et ses projets politiques, il a encore beaucoup à faire pour le pays. On ne voit pas pourquoi les autres veulent échapper aux rigueurs de la loi qui doit être appliquée à tous avec la même force et la même vigueur. C’est l’ABC des états de droit à travers le monde », a-t-il martelé.
Au sujet des injonctions au ministre de la justice
Le porte-parole du gouvernement a fait remarquer qu’il n’est pas interdit au ministre de la Justice et garde des sceaux ou à n’importe quel membre du gouvernement d’adresser une correspondance à l’administration électorale. Il y a tant mal d’interprétations totalement écervelées au sujet de cette correspondance du ministre de la Justice au parquet général de la République dont il a transmis la copie à la CENI. Selon Lambert Mende, le ministre de la Justice, qui a dans ses attributions la question de nationalité informe le parquet général de la république de dispositions d’application de la loi et attire l’attention du parquet parce qu’il a le pouvoir d’injonction sur les parquets, que dans les réquisitions qu’ils auront à articuler devant les parquets ou les Cours d’appel, soit devant la Cour constitutionnelle, qu’il importe de tenir compte des dispositions constitutionnelles revisitées dernièrement au niveau de l’Assemblée nationale et du Sénat qui excluent d’une manière formelle de la course électorale tout individu ne disposant pas de la nationalité congolaise. Cette disposition légale est tirée d’ailleurs de la constitution de la République.
Pas de campagne électorale avant la date prévue
Par ailleurs, le ministre a estimé qu’il ferait de même vis-à-vis de la CENI en soutenant que les entreprises audio-visuelles n’ont pas le droit de s’adonner à la campagne électorale avant la date prévue par le calendrier électoral. Sur ce fait, a-t-il indiqué, il ne violerait aucune loi comme la CENI en recevant une telle correspondance. Il ne faut donc pas dramatiser au sujet d’une lettre du ministre de la Justice aux parquets qui a été transmise à la CENI et celle-ci a décidé en toute souveraineté. Dans sa décision, nulle part la CENI ne fait allusion à la lettre du ministre de la justice. Celui-ci ne pouvait ne pas lui donner les informations lui parvenues en lui communiquant la liste de ceux des Congolais sur lesquels pesait la possibilité d’avoir une double nationalité qui n’est pas reconnue par le droit congolais. Le ministre de la justice n’a fait que son devoir de membre du gouvernement chargé de veiller à l’application de la loi, a soutenu le ministre Mende.
Il y a amalgame dans l’interprétation de la lettre du ministre de la justice aux parquets transmise à la CENI. Il n’a jamais été question dans cette lettre de subornation de témoins ni de corruption de témoins. Il a été seulement question de transmission d’une liste reprenant les noms de personnalités disposant de la nationalité étrangère. La CENI dans toute son indépendance a estimé que la condamnation de Jean-Pierre Bemba pour subornation de témoins était assimilable à la corruption ; la subornation des témoins dans le droit international peut être assimilée à la corruption. Le ministre ne voit pas le lien entre la décision de la CENI et la lettre du ministre de la justice.
De la nationalité douteuse
Au moment où M. Badibanga a été nommé Premier ministre de même que Moïse Katumbi investi gouverneur du Katanga, « nous étions sous le régime de la déclaration », a-t-il dit, ajoutant qu’on se fiait sur l’honneur des personnalités. Le législateur est intervenu entretemps. Il y a eu une disposition de loi chargeant l’administration électorale et la justice congolaise de veiller à ce que ceux qui ne disposent pas de la nationalité congolaise soient écartés parce que l’Etat a été victime de fausses déclarations. Un Katumbi a fait abus et s’est fait élire sous des fausses déclarations. Peut être Badibanga a été écarté de la primature suite à cette situation. Cette loi est passée. Et maintenant la disposition actuelle est d’application.
De la démarche des avocats de Katumbi
La démarche des avocats de Katumbi a fortement étonné, reconnait Mende. Ils ont usé d’une démarche caractérisée par une certaine légèreté, une lecture sélective du code de procédure pénale. « Je ne peux pas les accuser d’ignorance parce que parmi eux, il y a ceux-là que je respecte et qui ont la manie de manipuler les textes de la loi. Ils connaissent fort bien la science juridique. Ils ne doivent pas prendre les Congolais pour des idiots en s’arrêtant sur la lecture du code de procédure judiciaire en son article 102 et ignorer de manière délibérée l’article 103. C’est le cas de M. Katumbi qui a été condamné à trois ans avec arrestation immédiate. Me Mukendi le savait mais il croyait que les Congolais ne lisent pas. Il a aujourd’hui, la réputation d’une personne qui raconte n’importe quoi pour faire plaisir à un client. Ce n’est pas correct », a précisé le ministre de la Communication et médias.
ACP /MCP