Rédiger une feuille de route du processus de recensement et d’identification de la population en RDC ! L’idée est à saluer, l’intention bonne. Seulement, organiser un recensement à deux ans et demi des élections, laisse transparaitre l’odeur d’un « glissement » si jamais le processus n’arrivait pas à terme. Avec tous les risques de revivre des tensions préélectorales à l’instar de celles qui avaient fait couler du sang en 2016. Le gouvernement a-t-il les moyens de sa politique afin de commencer et boucler le recensement à temps, sans perturber la tenue des élections en décembre 2023 ?
Dans le but de doter chaque Congolais d’une carte d’identité et organiser des élections crédibles en 2023, le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a tenu, le lundi 5 juillet 2021 à son cabinet de travail, une réunion interministérielle avec quatre membres du gouvernement, à savoir Aselo Okito Daniel, vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Décentralisation et Affaires coutumières, Mwando Nsimba Christian, ministre d’État, ministre du Plan, Kazadi Kadima Nzuji Nicolas, ministre des Finances et Kolongele Eberande, ministre du Numérique.
Des responsables des services spécialisés dans le domaine du recensement et d’identification de la population ont été également conviés à cette séance de travail, notamment Richard Ilunga, Directeur général de l’Office national de l’identification de la population et Roger Shulungu Rukina, Directeur général de l’Institut National des statistiques (INS).
Il ressort de cette réunion interministérielle que le chef du gouvernement a instruit qu’une Commission spéciale soit mise en place pour produire, endéans 10 jours, une Feuille de route du processus de recensement et d’identification des Congolais en perspective des élections de 2023.
« Ce lundi 5 juillet, Son Excellence Monsieur le Premier ministre a invité quatre ministres, de l’Intérieur, du Numérique, du Plan et des Finances, pour échanger, pour la toute première fois, sur le processus du recensement et d’identification de la population congolaise. Tout le monde le sait, en 2023 le pays devra organiser les élections nationales. C’est pour cette raison que Monsieur le Premier Ministre a voulu nous inviter ce jour, pour qu’ensemble les 4 ministères et les services spécialisés rattachés, de manière à nous permettre de voir ce que nous devons commencer à faire. Il y a toute une voie à suivre. Pour cette fin-là, une Commission venait d’être mise en place pour que d’ici dix jours un Cahier des charges soit soumis au Premier Ministre et donc au Gouvernement pour que le pays soit informé de ce qu’il y a à faire d’ici-là pour les élections », a déclaré en substance le ministre de l’Intérieur, Daniel Aselo Okito, à l’issue de l’audience.
Ça sent le glissement
« Vouloir provoquer le glissement par le recensement, c’est la forme la plus élevée de la sorcellerie », a déclaré l’ancien ministre Justin Bitakwira. Comme lui, beaucoup de voix s’élèvent pour dénoncer une démarche qui tend à troubler la paix sociale et qui cache une magouille déguisée en besoin nationaliste et identitaire. Pour certains, « accordons au gouvernement le bénéfice du doute » afin de voir sa bonne foi d’organiser les élections à « bonne date ».
Il convient de rappeler que la question électorale préoccupe au plus haut point tous les partenaires traditionnels de la RDC, commençant par l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique. Tous les émissaires de Washington qui débarque à Kinshasa ne cessent de rappeler aux autorités congolaises l’obligation de respecter le délai constitutionnel d’organiser les élections en décembre 2023.
Le gouvernement des « warriors » va-t-il se tirer d’affaires, en expédiant son recensement dans un pays-continent où des infrastructures posent problèmes pour que les scrutins de 2023 ne connaissent aucun jour de glissement ? la question reste ouverte.
Rich Ngapi
Le potentiel