Félix Tshisekedi n’en fait plus un sujet tabou, Emmanuel Macron exige la crédibilisation du processus électoral, Denis Kadima crie aux poches trouées et l’opposition congolaise persiste dans le schéma de l’inclusivité dans la gestion du processus électoral. Ainsi, l’inévitable glissement du calendrier électoral comportera bien de conséquences. Recomposition de la CENI et de la Cour constitutionnelle, dialogue pour une traversée sans turbulences de la date constitutionnelle de la présidentielle et implication de la communauté internationale dans le financement des élections. Pendant ce temps, il faudra vider les prétextes de la guerre et stabiliser les territoires ravagés par les agresseurs.
Le président Félix Tshisekedi a eu le courage de s’interroger publiquement. Sera-t-il possible d’organiser les élections sans cette partie occupée du Nord-Kivu ? La question est posée. Sinon pour quelques personnalités de son camp, ignorer les populations du Nord-Kivu serait consacrer la balkanisation. D’ailleurs, les Congolais de cette partie du pays n’admettront pas cette discrimination. Alors que faire au moment où le calendrier électoral est contraignant et le moindre retard aura des répercussions sur l’ensemble du processus. En plus, la loi sur la répartition des sièges doit être votée à la prochaine session parlementaire pour permettre à la commission électorale de posséder le dernier instrument législatif important avant le vote. Faute d’avoir cette loi, la CENI sera dans l’impossibilité de repartir les sièges par circonscriptions électorales pour les législatives nationales et provinciales. Devant cette réalité, le blocage est certain. D’ailleurs, plusieurs laboratoires politiques fonctionneraient déjà sur le schéma de l’après-2023. De sources recoupées signalent que les délégués de la communauté catholique Saint Egidio, reconnue pour son rôle efficace dans la médiation de conflits politiques et de réconciliation, seraient annoncés pour le mois d’avril à Kinshasa. Qui les a missionnés ? pas d’indices jusque-là. Mais, ces religieux ne descendent pas sur le terrain sans que le Vatican ne soit informé. Vont-ils tenter de rapprocher les différents camps sur la question ?. Personne n’ose le dire. Mais déjà Ensemble pour la République et Lamuka ont opposé un refus catégorique à toute idée de prolongation du mandat de Félix Tshisekedi après le délai constitutionnel. Un véritable casse-tête qui risque de plonger le pays dans le chaos si jamais les élections n’avaient pas lieu.
Tshisekedi, va-t-il bénéficier d’un glissement concerté ?
Le glissement dont la matérialité se met progressivement en place ne passera pas sans un consensus politique à large échelle. Acteurs politiques, acteurs sociaux et leaders religieux ne devraient-ils pas rejoindre alors les propositions du CNSA pour un atterrissage en douceur du processus électoral et consolider l’alternance politique. Le président de la République attendrait des propositions concrètes. Félix Tshisekedi n’entend pas imposer la moindre ligne de conduite dans ce schéma. Samedi dernier, en présence de son homologue français, il s’est montré particulièrement inquiet par rapport aux zones occupées par les rebelles du M23 dans la partie Est du pays. La situation, à l’en croire, ne facilite pas la tâche à la CENI pour les opérations d’enrôlement des électeurs. “Jusqu’à ce stade, je ne sais comment nous allons nous y prendre. Faudrait-il stopper les opérations d’enrôlement en attendant que la paix revienne dans l’est, avec le risque que cela impacte sur le respect du calendrier électoral. Ou faut-il continuer le processus en ne prenant pas en compte les populations nombreuses déplacées de guerre?”, s’est-il questionné.
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Macron pour une gouvernance électorale crédible
Sur ce qui est des élections à venir, le président français qui avait en lui la posture de l’ensemble de la communauté internationale dit que son pays s’en tient au calendrier et aux engagements du gouvernement d’assurer une bonne tenue des scrutins à la date prévue. En partenaire sincère, Emmanuel Macron veut s’appuyer sur “un processus loyal qui est une commission électorale nationale indépendante qui suit le processus, avec des personnalités incontestables d’un point de vue politique et neutre, avec des systèmes d’enregistrement et d’organisation de vote aux meilleurs standards. Avec des observateurs régionaux, internationaux déployés partout, avec peut-être d’ailleurs une association des communautés religieuses pour que, de manière très locale, il puisse y avoir des observations dans chaque bureau de vote et qu’il y ait un processus de confiance qui soit mise en place”. Il s’agit donc de pousser la RDC à la clarté démocratique, car il n’y a aucune raison pour que les choses ne se passent pas dans les meilleures conditions. Macron rassure que “le rôle de la communauté internationale, c’est d’y aider en fournissant les moyens pour favoriser la bonne organisation des scrutins”. Autrement dit, les partenaires sont disposés à accompagner la République démocratique du Congo dans un processus électoral renouvelé, crédibilisé et insoupçonné.
Denis Kadima exaspéré
Denis Kadima n’en peut plus. Il crie à tue-tête que les caisses de la centrale électorale sont vides. Ni frais de fonctionnement ni budget des opérations et de rémunération du personnel ne tombent dans les comptes de l’institution chargée de l’organisation des élections. Dans une sortie inattendue dimanche soir sur Télé 50, le président de la CENI a été clair : « D’octobre 2022 à mars 2023, la CENI n’a reçu ni frais de fonctionnement ni frais de rémunération ». Contrairement à tout ce qui a été rapporté par le gouvernement via le ministre des Finances Nicolas Kazadi, Denis Kadima se plaint de manque d’argent. “Le dernier décaissement que nous avons reçu, c’était pour septembre 2022”, a-t-il déclaré, assurant que les derniers fonds qu’il a perçus du gouvernement, datent de septembre 2022. “Les fonds que nous avons reçus pour les élections, nous les avons épuisés dans les opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs”, indique-t-il. Des indications qui paralysent tout espoir de bonne tenue des scrutins dans le délai constitutionnel. À côté de difficultés opérationnelles et de fonctionnement, la CENI fait également face à une lourde charge d’arriérés des salaires des agents remontant à l’époque de Corneille Nangaa Yobeluo. Une pression s’exerce constamment sur l’administration électorale soupçonnée, à tort ou à raison, d’avoir détourné des fonds décaissés à cet effet par le ministère des Finances.
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Denis Kadima Kazadi accuse Nicolas Kazadi Kadima
Face à ce désappointement, désagréable, Denis Kadima a opté pour l’alerte nationale. Il a reconnu clairement que la CENI est en difficulté et que son institution est en cessation de paiement. “Nous savons que nous sommes sur la liste des priorités du ministre des Finances. Mais en attendant qu’on dispose de cet argent, nous sommes vraiment en difficulté”, s’est-il alarmé. Kadima pense que tout le monde sait que les élections sont programmées pour cette année 2023 et qu’il serait irresponsable de ne pas combler les besoins urgents du processus. “On a écrit au Premier ministre et il n’y a pas question de faire pression”, a-t-il expliqué.
Pourtant, il y a quelques jours, le ministre des Finances avait déclaré sur Top Congo qu’il n’y a pas de souci en ce qui concerne le financement des élections de 2023. Nicolas Kazadi était même plus que convaincant, estimant que l’argent du processus électoral a été approvisionné. C’est pour la deuxième fois que les deux personnalités s’invectivent. Très mal en point, le président de la CENI a décidé d’aller l’accuser publiquement, sur les médias.
Ouragan
Ce régime est pareil au précédent, à un détournement près