Opinions par Milambu Kiyoyo, pour le mouvement citoyen « Engagement pour un Congo Nouveau » (Londres)
Félix Tshisekedi risque de voir s’effriter le soutien populaire en raison de la coalition FCC-CACH. S’il n’écoute pas le peuple, ses mains ne seront plus blanches parce qu’il fera lui aussi couler le sang des Congolais. Une erreur qu’il regrettera à coup sûr. Ses alliés du Front Commun pour le Congo (FCC) misent sur cette stratégie afin de mieux le contrôler. Ayant réussi à opposer l’actuel chef d’Etat à ses anciens partenaires de Lamuka, il ne leur reste plus qu’à faire tomber le dernier verrou, représenté par le peuple congolais dans son ensemble.
Outre le fait que Malonda est issu d’un processus biaisé, les manifestations du 9 juillet dans toutes les grandes villes du pays contre le choix de Ronsard Malonda à la présidence de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) devraient davantage dissuader Félix Tshisekedi d’entériner ce candidat de la continuité, au risque de se mettre à dos la majorité du peuple.
En effet, c’est suite à un processus vicié au niveau des confessions religieuses comme à l’Assemblée nationale que M. Malonda a émergé comme probable prochain président de la Ceni. Pourquoi vicié? Parce que le candidat Malonda a été rejeté par l’Eglise kimbanguiste, qui ne le reconnaît pas, alors qu’il a été présenté comme un de ses membres. Ce rejet a été suivi par celui des musulmans du Congo.
Autre chose qu’il est important de relever, c’est la surprenante célérité du processus qui a conduit à la confirmation de Ronsard Malonda par l’Assemblée nationale, en violation de l’article 41 de son Règlement Intérieur. Cet article du Règlement de la chambre basse du parlement veut qu’une commission spéciale ou temporaire soit créée pour une question aussi importante, à l’initiative soit de son bureau, du gouvernement, d’un député, etc. Le vote ne devait intervenir qu’après le rapport de la commission. Enfin, à en croire certains députés nationaux, cette question n’était pas inscrite à l’ordre du jour de la plénière.
Devant une majorité parlementaire qui se comporte en bande organisée, le peuple n’a pas d’autre choix que de défendre ses intérêts. Il l’ a fait de la manière la plus éloquente en rejetant sans ambiguïté Ronsard Malonda, qui se trouve être le responsable du secrétariat technique de l’équipe sortante de la Ceni. A ce titre, il est comptable des pires élections jamais organisées au monde. En principe, il devrait démissionner avec tous les autres membres de l’actuelle plénière de la Ceni. Peut-on passer pour un pays sérieux lorsqu’une institution qui a, à trois reprises, organisé de mauvaises élections n’a fait l’objet d’aucun audit indépendant? Ce qui se construit sur le mensonge ne peut pas durer. Les efforts consentis pour la matérialisation de l’Etat de droit seront annihilés si le Congo se retrouve une fois de plus avec des législateurs issus de la fraude électorale.
Si Félix Tshisekedi tient à l’Etat de droit, il doit rejeter la candidature de Malonda pour les raisons susmentionnées. Une désignation non consensuelle et confirmée de manière cavalière par l’Assemblée nationale ne peut être entérinée par le chef de l’Etat, qui a le devoir constitutionnel de veiller au bon fonctionnement des institutions de la République.
Nous exhortons donc, le président de la République à asseoir la désignation des prochains animateurs de la Ceni. Entériner Malonda, c’est gratifier quelqu’un qui a mal fait son travail. Il doit avant tout exiger un audit et des réformes qui se font attendre depuis bien d’années. Nul n’ignore que la crédibilité de cet organe d’appui à la démocratie est sérieusement entamée à cause de la question de légitimité qui se pose à chaque cycle électoral.
Faire le contraire, c’est accepter d’être coupé du peuple qui a cru aux promesses d’avènement d’un Etat de droit. C’est vrai que tout est à refaire au Congo. Cependant, il n’est pas réaliste d’attendre de qui que ce soit de faire du Congo un Eldorado après un ou deux quinquennats. Certes, les expectatives des Congolais sont innombrables, mais exiger que des bases solides pour un Etat de droit soient posées par l’actuel chef de l’Etat n’est pas irréaliste.
La libre Afrique