Tous étant du FCC, la gestion des ambitions pourrait s’avérer délicate pour Joseph Kabila, Autorité morale de la mégaplateforme.
De même qu’à l’échelle nationale, les Congolais attendent impatiemment la formation du nouveau Gouvernement, au Sénat l’heure est dans la fièvre de l’élection du Bureau définitif. Ce vote des pairs ne devra avoir lieu qu’après l’avis de conformité de la Cour constitutionnelle, sur le Règlement intérieur de cette chambre du parlement. Comme pour dire, les sénateurs n’attendent plus que le retour de ce texte soumis depuis plus d’une semaine, à l’appréciation de la Haute cour, pour organiser l’élection des sept membres de leur Bureau définitif.
Entretemps, dans les couloirs du Palais du peuple, plusieurs noms circulent déjà comme pressentis prétendants au perchoir. Les plus cités sont Modeste Bahati, Evariste Boshab, Jean-Pierre Lola, Augustin Matata, Alexis Thambwe Mwamba et John Tibassima. Tous, membres de la plateforme Front commun pour le Congo (FCC) dont le Président honoraire Joseph Kabila enfile le brassard d’Autorité morale. Autant le souligner tout de suite qu’au stade actuel des activités au Sénat, tous ces noms relèvent de la spéculation. Rien encore d’officiel.
Toutefois, des analystes anticipent pour dire qu’au cas où ce serait finalement les cinq sénateurs cités, comme postulants à la cathèdre désormais vide après l’expiration du mandat de Léon Kengo wa Dondo, le choix de l’ancien Raïs pourrait s’avérer assez délicat. La question est de savoir sur qui Joseph Kabila jettera son dévolu. Sera-ce sur Thambwe Mwamba ? Modeste Bahati ? Evariste Boshab ? John Tibassima ? Augustin Matata ? Jean-Pierre Lola ? Trêve de supputations, tant il faudrait remettre les pendules à l’heure.
Même s’il est vrai que le jeu se jouera entre sénateurs dans la salle de Conférences internationales du Palais du peuple, il n’en demeure pas moins vrai que la bénédiction de Joseph Kabila, en tant que Commandant en chef du FCC, demeure un atout majeur pour n’importe quel sociétaire de cette méga plateforme, qui ambitionnerait le poste de président de la chambre haute du parlement. Etant donné que tous ont renouvelé, le samedi 22 juin à Kingakati leur loyauté à l’Autorité morale de leur regroupement politique, des observateurs estiment que la désignation du candidat au perchoir du Sénat, ne devrait plus faire l’objet de querelle en interne.
L’ENJEU D’UNE EVENTUELLE SUCCESSION AU SOMMET DE L’ETAT
Bien évident qu’à ce jour, il n’y a encore rien de décidé au sujet des candidats au perchoir du Sénat. Une seule certitude : le futur président du Sénat sera FCC. Sauf si, au nom de la coalition FCC-CACH, les choses se passent autrement. Sinon, les dés semblent déjà bien jetés. Et ce serait donc sans surprise, quand on sait que le FCC aligne plus de 80 sénateurs, sur le total de 108+1 membres qui composent cette chambre du parlement. De ce point de vue, on jouera un FCC contre un autre.
Cependant, il se trouve que l’enjeu de l’équilibre géopolitique pourrait déterminer l’ultime choix en interne, de l’Autorité morale du FCC. Le Chef de l’Etat étant du centre – espace luba -, la Présidente de l’Assemblée nationale provenant de l’Ouest (espace lingalaphone), le Premier ministre étant originaire de l’Est (Swahiliphone) de la RD Congo, la question qui taraude les esprits est celle de savoir de quel bloc linguistique ou géographique serait le futur speaker de la Chambre haute.
Mais au-delà des équilibres géopolitiques, plus d’un analyste pense que l’enjeu lié à une éventuelle succession au sommet de l’Etat l’emporte sur tous les autres. Bien en illustre, l’article 75 de la Constitution du 18 février 2006, en vigueur en RD Congo. Vu de la loi suprême du pays, le Président du Sénat est le potentiel remplaçant du Chef de l’Etat. L’article sus évoqué stipule : « En cas de vacance pour cause de décès, de démission ou pour toute autre cause d’empêchement définitif, les fonctions de Président de la République, à l’exception de celles mentionnées aux articles 78, 81 et 82 sont provisoirement exercées par le Président du Sénat ». C’est donc à lui, que revient la responsabilité d’organiser la nouvelle élection présidentielle endéans 60 jours au moins, soit au plus dans 90 jours. De ce point de vue, la prochaine élection des membres du bureau définitif du Sénat se veut très stratégique.
Grevisse Kabrel
Forum des As