Les relations entre les deux sont au plus bas. Félix Tshisekedi accusant Paul Kagame, lui aussi ripostant du même ton. Chacun, avec ses arguments, pointe du doigt son meilleur voisin de chercher à déstabiliser son territoire. Mais de deux personnalités, il est établi que le Rwanda s’illustre en agresseur de la RDC.

Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame, vont se rencontrer ce mardi ou mercredi à Luanda (Angola) pour des pourparlers directs autour de la guerre qui affecte le Congo-Kinshasa, dans la province du Nord-Kivu. Des sources de deux pays confirment la rencontre sans en préciser tous les contours des échanges. Le tête-à-tête devrait avoir lieu mercredi, ont révélé des sources officielles anonymes à Kinshasa et à Kigali. Les deux pays s’empoignent depuis le lancement des offensives militaires par Kigali sur le territoire congolais via le M23.

Quels dossiers de Tshisekedi face à Kagame ?

D’abord, le retrait des troupes rwandaises du sol congolais. Ensuite, l’obtention de Kigali, l’engagement formel de cesser tout soutien aux groupes armés terroristes qui déstabilisent l’Est du Congo, dont le M23. Aussi, l’instigation attendue du président Paul Kagame aux éléments du M23 de déposer les armes et de rejoindre le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion, sera très attendue. Lui, qui ne veut surtout pas être cité dans cette brouille militaire, fait pourtant partie à la fois du problème et de la solution. Si ces conditions sont rencontrées, il pourrait y avoir un dégel dans la crise et l’espérance d’une normalisation de la situation entre les deux pays. Pendant ce temps, les partis politiques, la société civile et autres forces vives de la nation attendent Félix Tshisekedi au tournant. « Pas question de céder la souveraineté nationale à qui que ce soit, surtout pas au Rwanda ».

Kagame et ses revendications

Le président rwandais a réitéré lundi à Kigali ce qu’il considère comme les principaux soucis de son gouvernement vis-à-vis de la République démocratique du Congo. Il évoque facilement la menace des FDLR sur son pays et s’inquiète que ces derniers soient libres d’opérer en RDC. Paul Kagame veut se dédouaner de la nébuleuse M23 estimant brillamment qu’il s’agit d’un problème congolo-congolais. Mais ce que le président rwandais ne dit pas, ce sont les clauses exactes de ce qu’il clame comme accords conclus avec Kinshasa. De quels accords s’agirait-il, fulminent plusieurs acteurs de la société civile. Au-delà de cet aspect, le président Paul Kagame qui donnait l’impression de s’inquiéter énormément pour les Congolais rwandophones, a revu cette revendication qu’il verse désormais très prudemment dans le panier des problème propres à la République démocratique du Congo. Et puis, quoi encore ? Eh oui, les contrats dont l’exécution a été suspendue par le gouvernement congolais. Il s’agit entre autres de l’accord de collaboration entre la Sakima et une firme rwandaise de traitement de l’or. Un contrat juteux dont Kigali ne voudrait en aucune façon laisser tomber. En outre, un village moderne prévu à Goma dont la réalisation a été boudée par la population.

A Luanda, Kagame portera aussi les revendications de l’Ouganda

D’après le professeur Mokonda Bonza, l’accord militaire signé entre les armées rwandaise et ougandaise en mai dernier, n’avait pour objectif que de coaliser leurs forces dans le but d’attaquer la RDC : « ils ont signé un accord entre eux, c’est-à-dire, l’armée rwandaise et l’armée ougandaise, avec comme dindon de la farce, la République démocratique du Congo. Ainsi, pour attaquer Bunagana, les troupes rwandaises sont passées par l’Ouganda. Parce que c’était ça l’accord », révèle le professeur et sénateur congolais. Dans ces conditions, le sommet Tshisekedi-Kagame cache aussi un cahier des charges ougandais non révélé. Le 23 avril dernier, lors de l’anniversaire du général Muhoozi Kainerugaba, fils du président Yoweri Kaguta Museveni et chef d’état-major des forces terrestres de l’armée ougandaise, Paul Kagame avait personnellement effectué le déplacement de Entebbe, à la maison Blanche, pour célébrer le fils héritier. Ce, après deux visites successives du même général au Rwanda, où il avait eu des échanges, dit-on, fraternels avec le président du Rwanda. Quelques semaines plus tard, un accord fut signé entre les armées des deux pays respectifs.

Dans le conflit qui ensanglante le territoire de Rutshuru, l’Ouganda n’est pas à innocenter. Le président ougandais Yoweri Museveni et son homologue congolais Félix Tshisekedi avaient procédé le mercredi 16 juin 2021 à la pose de la première pierre des travaux de construction d’un important réseau routier censé booster les échanges économiques entre les deux pays, lesquels échanges rapportent à l’Ouganda 532 millions de dollars par an grâce au commerce avec la RDC. Vaste chantier qui devrait couvrir 223 km de routes à réhabiliter ou à construire entre l’Ouganda et la République démocratique du Congo (RDC) sur les axes : Mpondwe/Kasindi-Beni (80 km) ; Bunagana-Rutshuru-Goma (89 km) et Beni-Butembo (54 km). L’Ouganda dont l’armée coopère avec les FARDC dans la traque des terroristes ADF est pourtant très familière à un autre groupe terroriste, le M23 à Bunagana. Le bureau de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC) a gelé le processus de ratification des accords économiques conclus entre le gouvernement et l’Ouganda à cause des déclarations du chef de l’armée de terre ougandaise qui a fait état d’accords récemment conclus entre l’Ouganda et le Rwanda.

Jeanric Umande
Ouragan

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